Une majorité plus écolo que sociale : les 9 premiers mois de l’équipe Piolle à Grenoble

Avant que ne s’engage sérieusement l’année 2015 et plus particulièrement les choix budgétaires drastiques que devra prendre la majorité grenobloise, au mois de Février, GO Citoyenneté tire un bilan des 9 premiers mois de la nouvelle équipe municipale du maire Eric Piolle.
Nous choisissons sciemment de rester synthétique, dans la mesure où l’essentiel des sujets a déjà été traité précédemment sur le site de GO.

Les points positifs :

– Une façon d’être simple et moderne. De la baisse des indemnités des élus au non cumul des mandats, du maire en vélo aux élus décontractés.. la nouvelle équipe a marqué d’un style nouveau et relativement sobre, une pratique renouvelée de la politique. Malgré certaines postures dogmatiques et quelques maladresses, nous notons une naïveté rafraichissante qui dénote une volonté d’ouverture et un désir de bien faire.

– Une volonté de concertation. Si la co construction mise à toutes les sauces, nécessite encore de trouver un ancrage populaire, GO ne peut que se réjouir de la volonté de mettre en œuvre ce processus de concertation : conseils citoyens indépendants, chantiers des cultures, débats en Conseil municipal, formations au budget… Dommage que les conseils citoyens « politique de la ville » n’aient pas été priorisés pour tenir compte de l’urgence et afin d’aller au plus prés des publics les plus « éloignés ». Et soyons vigilants sur ce qui débouchera de cette multitude d‘espaces participatifs.

– Le FCG au stade des Alpes. Dans l’attente d’une montée en ligue 2 du GF38, il était nécessaire d’accueillir le FCG dans ce magnifique stade et de l’adapter aux besoins de la culture rugbystique propre qui l’accompagne, même en rognant un morceau de parc…

Les couacs :

– L’affaire GEG et l’éclairage public. C’est incontestablement la plus grosse erreur de la majorité. Maladresse ou volonté délibérée ? Ainsi donc le marché de l’éclairage public de la ville aurait dû passer au privé sans que la majorité n’y trouve à redire ! Pendant 7 mois, l’équipe Piolle a mal géré ou n’a pas voulu gérer autrement ce dossier. On ne peut que regretter qu’il ait fallu une réaction forte des salariés de GEG pour que le maire se décide à demander un report de 9 mois de la décision concernant le contrat de l’éclairage public. Un passage éventuel en « Régie » serait sans doute une solution intéressante. Mais il faut se garder des positions de principe et rester très prudent. Ce qui doit être pris en considération, c’est la situation de la collectivité au moment du choix et les arbitrages financiers auxquels elle devra procéder. Rendez vous donc en Avril 2015.

– Les Musiciens du Louvre. Les difficultés financières de la ville nécessitent de revisiter toutes les subventions. S’il paraissait logique de revoir à la baisse celle des MDL, sa suppression radicale et sans concertation, en plein chantier des cultures, porte un coup de poignard à cet orchestre et n’encourage pas de futures initiatives artistiques d’envergure. La dimension plurielle donnée « aux cultures » suppose une équité, un respect et une attention pour chacune. En matière de concertation c’est décision est inacceptable.

– Femmes SDF et Régie de quartier Villeneuve. Décisions incompréhensibles. D’une part, la diminution décidée en novembre de 20 % des subventions 2014 à Femmes SDF, fragilise une association qui accueille de plus en plus de femmes en errance lors des maraudes. D’autre part, le retrait d’un gros marché d’Actis de l’appel d’offres, se basant essentiellement sur la rentabilité économique et très peu sur l’insertion et l’économie sociale, a mis en péril la Régie de quartier de la Villeneuve. Deux dossiers sensibles et emblématiques.

– Éducation, version bâtiments scolaires. L’évolution des effectifs scolaires nécessite de prendre des mesures rapides. C’était l’une des urgences prioritaires de campagne. Après bientôt une année, aucun projet sérieux n’est annoncé. De réelles opportunités sur le secteur 1 ne sont pas exploitées… Un comble : étant donné la durée des travaux, la majorité risque de ne pas pouvoir ouvrir d’école pendant tout son mandat (la future école Jean Macé ayant été largement engagée auparavant) !

Les incertitudes, les hésitations…

– Le soutien aux clubs de quartiers : la politique sportive a du mal à être comprise et devrait être clarifiée. Après avoir laissé planer un doute sur le soutien aux clubs de foot des quartiers Teisseire et Villeneuve, il semble qu’une perspective positive s’annonce !! Le Projet Éducatif Grenoblois prévoyait un plan de formation des animateurs sportifs de quartier… Et qu’elle est la position de la Mairie en direction des clubs et sportifs de haut niveau ?

– Les subventions aux associations, l’éducation populaire, l’économie sociale et solidaire : beaucoup d’effets d’annonce prématurés mais pas de position claire. Seule certitude, les conventions des associations socio culturelles sont reconduites pendant un an et les subventions aux associations seront versées à 50 % en 2015 dans l’attente des arbitrages budgétaires. Mais il se murmure une « municipalisation » de l’éducation populaire… Et quid des nouveaux critères d’attribution des subventions ? GO avait proposé la création d’un groupement d’employeurs sous forme de « société coopérative d’intérêt collectif » et d’un « pôle de coopération territoriale » de l’ESS.

– L’éducation, version réussite éducative : en plus de sa compétence obligatoire sur l’entretien des bâtiments, une ville peut contribuer à lutter contre les inégalités scolaires, aux côtés de l’école et des parents. Actuellement aucune proposition nouvelle n’émerge en faveur de la réussite éducative, mis à part la reconduction des projets précédents . Et où en sont, le Projet Éducatif de Territoire et les Maisons de l’Éducation : projets fédérateurs d’une politique éducative partagée entre les acteurs, au bénéfice des enfants ?

– L’action sociale : les groupes de travail du CCAS s’activent. Il semble que l’essentiel sera sauvegardé… Qu’en sera-t-il du projet « parler bambin » et de la politique volontariste en direction des personnes âgées ? Aucune mesure sociale nouvelle servant de marqueur à cette équipe municipale n’a encore émergé.

– La sécurité, la propreté : de la sécurité à la « tranquillité publique », de la gestion publique de proximité à l’investissement citoyen de proximité, il est indispensable de bien prendre la mesure de la réalité des évolutions de notre quotidien. Une diminution des emplois-renforts de la ville, une police municipale moins consolidée, une certaine permissivité mal gérée, un manque d’anticipation, risquent d’envoyer des signaux inquiétants pour la tranquillité du quotidien des grenoblois.

– L’Esplanade, le logement : la suppression de la ZAC Esplanade est conforme au projet de campagne. Tout reste donc à refaire pour la rénovation de l’entrée nord de la ville. Mais qu’en sera-t-il de la requalification du quartier et du refus d’une autoroute urbaine jusqu’à la porte de France. Est-ce écologique de maintenir un grand parking au cœur de l’agglo ? Le PLU a été revu à la baisse en terme de hauteur d’immeubles et à la hausse, pour le taux de logements sociaux. Mais contrainte par son environnement, Grenoble restera malgré tout, un territoire dense et les ZAC, un maillon essentiel de la politique de logement. Alors, comment construire 700 logements/an et respecter la loi Duflot ?

– La Métropole : la majorité Piolle a subi, selon elle, une décision gouvernementale dont elle ne partageait pas les orientations. D’où un certain retard à l’allumage pour prendre la mesure de l’enjeu et une expression politique réduite sur le sujet. Or, c’est bien à cette échelle que les enjeux de développement économique, de déplacements, de logements, de solidarité doivent prendre place… GO avait formulé la proposition d’un « pacte fiscal » d’agglomération. Qu’en est-il ? Nous souhaitons avoir un point régulier en Conseil Municipal ainsi que lors d’un futur « Conseil de métropole » qui réunirait sur 4 territoires, les 1000 élus concernés, sur les décisions prises. Ces mesures devraient permettre aux élu(e)s d’être tenus au courant de l’évolution des prises de compétences de la future Métropole, et d’y réagir le cas échéant. Un processus de concertation des habitants, dans la proximité, doit aussi se mettre en place rapidement.

Un coup politique « détonnant » : la suppression des panneaux Decaux : Nous partageons l’aspect symbolique de restreindre une publicité trop intrusive en ville et le fait de montrer qu’une commune peut encore prendre des initiatives marquantes. Mais ici, la mairie joue « contre la pub mais à fond dans la com.’ nationale ». La suppression des 326 panneaux, sucettes, colonnes Morris, fournis gratuitement, qui seront remplacés par 20 arbres et 160 panneaux d’affichage libre, va entrainer une perte de revenus de 300 et 600 000€. La Ville prive chaque année, plus de 200 annonceurs locaux d’un support publicitaire pour faire connaître leurs produits, et activités aux Grenoblois. Sans oublier l’opportunité ratée d’implanter des panneaux numériques intelligents dans l’espace public. Nous pouvons difficilement parler de suppression de la publicité, puisque Decaux conserve un millier de panneaux d’affichage sur le réseau d’abribus grenoblois, mais la ville s’est offert une belle vitrine.

Donc un premier bilan (incomplet bien sûr) partagé, mi-figue mi-raisin. La réelle politique de l’équipe de Piolle et les grandes orientations conformes à la réalité de la situation grenobloise se dessineront lors du premier budget 2015. Et il lui restera tout de même encore 5 années d’activités.

Le principal marqueur de cette première période de gestation signe une dominante bien plus écolo que sociale. De l’écologie, la majorité en a fait son porte drapeau, parfois à grands coups médiatiques pour des mesures symboliques (suppression des panneaux Decaux, végétalisation des bas d’immeuble en centre-ville, diminution des antennes relais, police à cheval !), mais aucune mesure phare n’apparait concernant la réduction des inégalités sociales, économiques, éducatives… GO Citoyenneté souhaiterait que le même enthousiasme et la même énergie soient déployés localement, au profit des plus démunis, même si cette politique est moins porteuse médiatiquement et moins visible au niveau national….
Faisons donc le vœu, en ce début d’année 2015, que la majorité municipale saura réajuster ses priorités dans le sens d’un meilleur partage des richesses, au profit de tous les grenoblois et particulièrement des plus démunis.