« Pourquoi participer si on ne dispose pas du pouvoir de décision ! »

Alors que la période bouillonne de mouvements, réseaux, groupes éphémères ou plus pérennes, réunissant des citoyens qui agissent concrètement et s’interrogent sur le fonctionnement de notre démocratie, GO Citoyenneté avait, samedi 30 Avril, initié une rencontre sur le thème «  A quoi servent les mouvements citoyens »

Introduite par David Ryboloviecz coprésident de GO et animée par Vincent Berlandis, la rencontre a réunit plusieurs  mouvements de l’agglomération grenobloise, des réseaux très différents certains dans des majorités municipales, d’autres dans des oppositions, d’autres enfin hors champ politique…. Tous ont manifesté une certaine méfiance du politique et le besoin de remettre en cause le fonctionnement de notre démocratie : mandat unique, révocation, assemblées citoyennes, tirage au sort, questionnement sur les CCI, besoin de reprendre la main à tous les niveaux, agir ici et maintenant, utilisation des réseaux sociaux…

Mais quelle est la dimension pertinente du pouvoir d’agir : commune et / ou métropole ? Comment conserver son autonomie face au politique et aux élus ? Comment lorsqu’on a des élus, continuer à assurer une plus-value citoyenne et ne pas se déconnecter des habitants alors qu’il faut gérer la ville dans l’intérêt général ?

Trois pistes ont émergé :

– D’un côté de nombreux habitants sont en prise avec des difficultés quotidiennes d’emplois, logements, de précarité, de l’autre le fonctionnement institutionnel est de plus en plus complexe à appréhender : comment les citoyens peuvent-il s’impliquer, alors qu’ils ont l’impression que les choses leurs échappent ?

– Quand on parle de « citoyen », le mot recouvre une grande diversité, allant de personnes qui ne souhaitent pas s’investir à des personnes très impliquées dans la vie associative, les syndicats, les Unions de Quartier… Comment associer les deux approches, permettre aux personnes engagées de valoriser leur implication dans la durée, tout en s’ouvrant le plus largement possible aux citoyens « éloignés » ?

– De multiples démarches et outils sont aujourd’hui expérimentés par des collectives pour faire « entrer » la parole des habitants dans l’élaboration des décisions. Mais en réalité seuls les élus disposent de la décision finale. Comment alors assurer une véritable participation si l’on ne dispose pas du pouvoir de décision ?

Mais ces pistes ne peuvent exister sans réflexion sur les valeurs de notre société. Un mouvement citoyen porte des valeurs, des utopies qui ne sont pas forcément en adéquation avec les orientations des élus et les intérêts particuliers de certains habitants. Il faut remettre au cœur des débats les notions notamment  de partage et de solidarité, restructurer un projet société. Refaire émerger du débat dans l’espace public, comme le font entre autre aujourd’hui Nuit débout et d’autres mouvements locaux, sous diverses formes… Ces espaces de débats de confrontations parfois conflictuelles, sont essentiels à la vitalité démocratique de notre commune.

Article paru aussi dans le DL du 5 Mai 2016