Retour sur la rencontre « Sortir des crispations locales »

C’est devenu, un rendez-vous régulier : le séminaire de rentrée de Go Citoyenneté posait cette année la question : « comment sortir des crispations locales » ?

Nous nous sommes retrouvés plus d’une quarantaine, dans le bel espace de la Maison de l’Enfance Bachelard le Samedi 10 septembre dernier.

Introduction par David Rybolowiecz, Président de Go Citoyenneté

La situation politique nationale est morose et les débats identitaires de cet été n’ont  réussi qu’à attiser les communautarismes de tous poils. À Grenoble, et dans certaines communes de la Métropole, la situation n’est pas plus attractive et on s’interroge sur la pertinence des démarches politiques engagées. Les tensions, les crispations  et la défiance sont palpables dans de nombreux domaines : culturels, sociaux, économiques, sécuritaires, éducatifs… même la « participation citoyenne » est remise en cause. La volonté de travailler ensemble s’émousse.

–  Dans une période de forte contrainte budgétaire, comment repenser les priorités locales et redéfinir un nouveau socle de solidarité ? Quelles concessions sont nécessaires ?
– Quelles doivent être nos priorités et nos alliances pour les années à venir?… Et comment créer du lien, réapprendre à travailler ensemble, au-delà des sectarismes politiques ?

– Comment donner aux acteurs du territoire métropolitain, la possibilité de prendre leur place, de faire des propositions, de participer à la définition des priorités ?

Il est nécessaire d’ouvrir les portes, de dépasser l’entre soi. Go Citoyenneté est porteur de cette volonté d’ouverture, et propose au cours de cette rencontre de prendre le temps pour :

°Faire le point sur la situation locale actuelle, en favorisant l’expression de chacun.e
°Trouver les points de convergence pour (re)construire d’autres formes de solidarité sur le territoire métropolitain.

– Intervention d’Alain Faure, professeur à Sciences Po Grenoble, sur  « La place des émotions dans l’engagement politique » 

(carnet de recherche: https://enigmes.hypotheses.org/).

Alain Faure a rencontré plus de 250 élus en France et ailleurs et propose de regarder autrement les femmes et les hommes qui s’engagent. Il nous a fait part de quelques-unes de ses trouvailles.

En France nous sommes prisonniers d’éléments de débats politiques qui se rigidifient, se caricaturent… Par exemple, les élus sont considérés comme nuls, comme déconnectés de la réalité, il est donc impossible de « penser » la fonction d’élu, d’aller plus loin que des phrases toutes faites et répétées à l’envie, caricaturales.

Pourquoi entre-t-on en politique ? Pourquoi est-on militant ? Il faut bien sûr  aller chercher du côté des blessures, des échecs… l’expérience personnelle de l’engagement est forte. La question du pouvoir n’est pas première. C’est plutôt l’obsession de « faire », de trouver des solutions qui structure l’engagement. Avec un rôle majeur pour le langage qui indique parfois l’osmose entre l’élu et son territoire, qui parle parfois « de ses habitants, de sa population ». L’élu se sentant dépositaire du bien commun du territoire.

Ce regard introduit la notion du sensible dans la notion d’engagement, notion peu travaillée dans les sphères de l’engagement politique qui pense « penser et non  panser ses blessures ».

– L’intervention d’Alain Faure, décalée volontairement du contexte politique local et notamment des « crispations grenobloises », permet aux participants et militants de GO de se réinterroger sur le cœur de leur engagement… pour dans un premier temps, se décentrer de la politique locale et pour y revenir d’une façon plus posée et ouverte.

Rappelons encore que le mouvement GO n’est pas un parti politique mais une association qui se préoccupe de la politique au niveau de Grenoble et de la Métropole. Elle est composée uniquement de citoyens engagés dans leur commune, et préserve strictement, depuis 20 ans, le non cumul des mandats  et l’encrage dans le quartier. Go n’a pas de prétentions électives autres que locales afin de participer directement aux enjeux de proximité, concrets, interactifs, avec une implication particulière dans la lutte contre les inégalités et le partage des richesses.

Des pistes d’analyses sont ainsi lancées cette matinée, réinterrogeant GO comme un espace d’engagement profond, fort, distinct dans le paysage politique local. GO Citoyenneté doit permettre :

la création d’espaces de débats politiques  intermédiaires, horizontaux,  qui permettent l’expression de la pensée : articles avec plusieurs points de vue sur le site, rencontres régulières des samedis de GO, conférences, groupes de travail délocalisés, prise en compte de l’intercommunalité…

– L’émergence de lieux réunissant des approches différentes pour ne pas figer le débat, à l’inverse des discours actuels qui figent le débat politique et des stratégies de l’entre soi et claniques, développées par les partis politiques au niveau local comme national. Le contexte actuel de la gauche grenobloise, particulièrement clivée, ne développe qu’un immobilisme sans aucunes perspectives transversales fédératrices.

la fabrique d’espaces de compromis ou d’élaboration de consensus en mettant à plat « les désaccords féconds » et des propositions concrètes, sur la politique municipale, à l’inverse de la fabrication de la polémique.

GO Citoyenneté, à rebrousse-poil de la politique de l’instant, du « buzz », de l’urgence, incite chacun de se saisir du débat.

Les thèmes que nous vous proposons d’ici la fin d’année :

Interroger la métropole grenobloise en construction : comment construire une métropole démocratique ? En quoi la métropole change –t-elle les choses pour Grenoble, pour les autres communes ? Comment assurer une solidarité territoriale qui ne soit pas vécue difficilement ?

Interroger le système fiscal local (taxes foncières et taxe d’habitation très inégales à Grenoble) et leur lien avec l’action publique et les services publics locaux. Comment les faire évoluer ?

– Comment continuer à avoir des services publics de qualité dans un contexte de réduction budgétaire ? Quelles mesures alternatives au plan d’austérité de la ville ?

– Reposer la question de l’engagement citoyen en politique, notamment au niveau de la Métropole grenobloise, en croisant d’autres mouvements locaux, pour construire des éléments de récits proposant une autre façon de faire de la politique.

– « Une politique d’austérité peut elle préserver la solidarité ? » Ce sera le thème du  prochain samedi de GO

Nous vous attendons lors de nos prochains rendez vous !

Mise en ligne de la vidéo de la matinée prochainement