Grenoble : un plan d’hébergement des personnes âgées peu ambitieux

Lors du Conseil municipal du 26 Juin 2017, la ville a présenté un « plan stratégique d’hébergement des personnes âgées ». Vous retrouverez cette délibération en fin d’article.

Ci dessous l’intervention de Paul Bron au nom de GO Citoyenneté.

 

« Les personnes âgées de plus de 65 ans représentent plus de 20% de la population, en majorité des femmes d’ailleurs et cela ne va faire qu’augmenter dans les années à venir. C’est donc un enjeu majeur pour notre ville.  La place des séniors pose une véritable question de société. L’habitant âgé est d’abord un citoyen acteur dans la ville et son usage de la ville est parlant pour l’ensemble des habitants. C’est la raison pour laquelle, les différentes municipalités précédentes ont engagé depuis de nombreuses années une politique offensive et progressiste autour de la place des séniors dans la ville. C’était d’ailleurs devenu un point fort de la ville. Ma question : quelles sont vos ambitions pour les séniors ? depuis 3 ans, vous ne nous avez rien proposé de très marquant, ni un véritable plan stratégique sur ce sujet. Les avez-vous d’ailleurs consultés ( les séniors) ou leurs associations, pour élaborer et co construire , si j’ose encore le dire, ce plan,…

Nous attendons encore, sur ce sujet de connaitre vos ambitions  et cette délibération reste encore trop vague, pas claire, peu précise.

La plupart des personnes âgées habitent chez elles à Grenoble. Ce n’est que vers 88 ans qu’elles ont recours, en moyenne à un EHPAD. C’est le dernier recours après avoir épuisé toutes les autres solutions. Le choix des personnes âgées est de rester chez elles. Entre l’âge de la retraite et leurs 88 ans il y a plus de 20 années de vie de ceux que l’on appelle les séniors.  Et la question posée à la ville est d’abord de mettre en perspective une politique municipale et locale de maintien à domicile avec les partenaires concernés.  D’où l’importance des associations qui œuvrent pour le maintien à domicile, telles que l’ADPA par exemple et d’autres. Il faut les soutenir. Ce sont des associations mal reconnues, mal traitées par l’ensemble des financeurs dont le département, vous avez d’ailleurs vous aussi baisser votre subvention à cette association. L’aide à domicile associative est maintenant concurrencée par le privé. Et la caractéristique du privé, c’est qu’il choisi sa clientèle et contrairement à l’ADPA, ne se déplace pas dans les quartiers les plus pauvres de la ville. Signalons aussi l’importance des associations qui regroupent les personnes âgées. Nous savons que les clubs de personnes âgées sont en difficulté car ils ne se renouvellent pas, comment comptez vous les redynamiser ?

Vous énoncez en page 2 que « les personnes âgées sont les moins concernées par les conditions de pauvreté ». Attention, cette situation évolue rapidement, ce n’est plus vrai aujourd’hui. De nombreux retraités sont dans la précarité. Ce qui pose question d’ailleurs quant aux augmentations de nombreux tarifs des équipements ville et des transports que vous avez engagées.

La moyenne d’âge d’entrée en EHPAD est de 88 ans, avec un niveau de dépendance élevé, en GIR 1 ou 2 ( GIR : groupes iso-ressources permettent de classer les personnes en fonction de 6 différents stades de perte d’autonomie). On y reste en moyenne 3 ans donc il y a un renouvellement important.  Une telle moyenne d’âge  incite à revoir les critères d’âge. Le critère + de 75 ans n’est plus pertinent quand on entre en EHPAD.  Vous parlez de 1900 personnes qui bénéficient de l’APA (aide personnalisée d’autonomie) mais ce ne sont pas des personnes qui ont besoin de rentrer en EHPAD. Les GIR 3 et 4 sont en capacité de rester à domicile.

Il y a effectivement un enjeu important autour des résidences autonomie, les anciens « foyers-logements ». Il y en a 4 à Grenoble, c‘est relativement peu. Mais c’est une solution intermédiaire intéressante pour les personnes qui ne sont pas dans une grande dépendance et je vous propose que ce type d’équipement  soit inclus, au même titre que d’autres, dans tous les projets de ZAC. Il est présent sur Flaubert et c’est positif. Se pose ensuite les questions de la solvabilité des locataires et du maintien ou non de l’APL.

Il est utile de raisonner en terme de bassin de vie et non pas uniquement sur le territoire de Grenoble. Nous savons tous que lorsque l’on recherche un établissement d’accueil pour une personne de sa famille, on ne se limite pas à nos frontières locales. Heureusement d’ailleurs. Votre plan y gagnerait donc à nous présenter un contexte plus élargi en termes d’équipements.  A ce sujet je vous rappelle que  1000 places ont été ouvertes sur l’agglomération, il y a quelques années dont 2 EHPAD à Grenoble : Vigny Musset et Bois d’Artas. Malgré tout effectivement, le territoire de Grenoble reste le moins bien doté du département tout en étant l’un des plus défavorisés.

De même, les équipements mixtes, vous les appelez « hybrides » de type EHPAD + résidence autonomie, tel que fonctionne aujourd’hui St Bruno, semble des expériences intéressantes, en terme d’accompagnement de parcours de vie, car les personnes ne sont pas obligés de changer d’équipement.. Même s’ils n’ont pas les mêmes tarifs et la même législation. Où en êtes-vous des négociations sur ce type de modèle, avec les services de tutelle que sont l’ARS et le Département ?

J’avais dit que votre plan stratégique était encore peu précis, peu clair. …à ce sujet, dans cette délibération, je vous signale plusieurs erreurs : vos calculs sont faux concernant le total EHPAD, dans le tableau ( p5 : 238) que vous nous avez montré, puisque vous comptabilisez les personnes  relevant de la résidence autonomie de St Bruno. Je vous signale de même que votre état des lieux ne cite pas 5 EHPAD sur Grenoble ( Bois d’Artas, Vigny Musset, Abbaye, Reyniès, Bévières ) et 2 EHPAD privés : le groupe Vendôme ( villa Sully) sur ex-clinique des bains et le groupe Korian sur l’ile verte. Nous aurions besoin de même de connaitre l’état des lieux réel des places en Unité de Soin de Longue Durée ( USLD) sur Grenoble.

Enfin quand est-il du logement des vieux migrants ?. Vous n’en parlez pas du tout dans ce plan stratégique. On recense à Grenoble prés de 8000 personnes âgées migrantes de plus de 55 ans qui sont pour la plupart en grande précarité. On sait bien que les résidences de personnes âgées ne sont pas abordables pour eux ni financièrement, ni culturellement.  Un colloque sur le vieillissement et l’hébergement des migrants avait été organisé, il y a quelques années, par Paysage et d’autres partenaires et ses conclusions avaient proposé de nombreuses pistes intéressantes. Vous pourriez vous en inspirer.

D’autres axes complémentaires pourraient être aussi portés spécifiquement par la Ville: des logements adaptés au maintien à domicile, des parcours résidentiels. Par exemple : favoriser les logements intergénérationnels en terme d’habitat partagé et-ou solidaire /  développer une offre de petits logements à loyer très social / Aider les copropriétés à prévoir le vieillissement. Et il y a encore d’autres idées…

Enfin pour terminer sur une note un peu plus « connectée »,  pensez bien que les résidences autonomies et les EHPAD accueillent dès maintenant des seniors branchés sur les réseaux sociaux et qui utilisent le numérique, installez au minimum la Wifi dans toute les résidences. »

plan hébergement personnes agées CM 26 06 2017