Jean François Parent : « urbaniste et homme politique engagé pour une société plurielle et métissée. »

Témoignage

« Jean-François PARENT et son épouse Simone ont choisi en toute liberté de partir, ensemble, le 4 décembre, après 70 ans de vie commune. L’un et l’autre ont été atteints de maladies invalidantes les cinq dernières années. Et Simone avait dû être admise dans un EHPAD en 2015. Cette séparation était pour l’un et l’autre une souffrance morale qui ne faisait qu’empirer. Et ce, malgré sa fidélité à la visiter six jours sur sept en début d’après-midi.

Ils vivaient depuis 1980, 8 allée de la Colline au 12ème étage d’où ils pouvaient contempler le soleil se lever sur Belledonne et jeter ses premiers rayons sur  le Parc Jean Verlhac et l’Arlequin : La Villeneuve qui doit tant à l’urbaniste parisien arrivé à Grenoble en 1966. Il avait alors 36 ans, ingénieur et urbaniste venu la région parisienne. Dès le début il conjuguait activité professionnelle et engagement politique. Il aimait à rappeler que dans l’effervescence de l’après-guerre, à 17 ans, il s’engageait dans le « Jeunesses Républicaines de France » puis adhérait au PCF qu’il quittait en mars 1956 quand le Parti vota les pleins pouvoirs au gouvernement Guy Mollet.

Les Grenoblois se souviennent que Jean-François n’a jamais été l’homme d’un parti, mais qu’il a cheminé – toujours à gauche –  là où il ne se sentait pas otage d’une pensée unique. Il a fait partie des pionniers de GO Citoyenneté en 1993. C’est sur cette liste qu’il a intégré le conseil municipal de 1995 à 2001, en charge du Logement et président de l’OPALE. Quelques années plus tard, il quitte GO pour militer dans le « Mouvement des Citoyens » et terminera son parcours au « Parti de Gauche ». J’ai eu personnellement le bonheur de passer de nombreuses heures avec lui dans sa thébaïde où ses nombreux ennuis de santé le confinaient. Il vivait au rythme des événements politiques et sociaux, lisait beaucoup et s’adonnait à la sculpture qu’il a pratiquée jusqu’à ces derniers mois.

Homme politique engagé dans la cité avec une claire vision d’une société plurielle, métissée. Pour lui, il n’y a pas de survie de la vie urbaine sans la mixité sociale. C’est ce qui l’a guidé dans sa tâche d’urbaniste à laquelle il a consacré sa vie professionnelle, toujours soucieux de faire équipe avec les autres concepteurs et réalisateurs de Villeneuve sous la houlette d’Hubert DUBEDOUT pour lequel il avait une estime jamais démentie.

Il sert la ville de Grenoble et l’agglomération de 1966 à 1988 à l’Agence d’Urbanisme de Grenoble dont il a été le promoteur, puis à la SADI où il a été salarié de 1971 à 1988. Cependant, à partir de 1983, il ne travaille plus que pour quelques communes de l’agglomération, car il a été déchargé, évincé, du dossier de Villeneuve par A. Carignon.

Jean-François a des convictions et du « caractère » ! Suite à un conflit avec la direction de la SADI, il est mis en préretraite en 1988 (il n’a que 58 ans). Il  laisse alors  libre cours à une autre passion : l’écriture. Précédemment il avait déjà publié quatre ouvrages. Il intensifie cette activité d’historien du patrimoine industriel du bassin grenoblois.

Retiré de la vie publique en 2001, Jean-François demeure très actif et présent sur la Villeneuve. Il accueille volontiers étudiants et journalistes et ses plus proches voisins entretiennent avec lui de très amicales relations. Leur départ ne laisse personne indifférent. Grenoble lui doit beaucoup. »

Michel Saillard

 

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