Les conseils municipaux de Grenoble interminables : la démocratie par l’épuisement

Point de vue

« Lundi soir le CM a duré 10h et s’est terminé à 4h du matin. Comment garder sa lucidité pour débattre dans cette réunion interminable et propice à tous les débordements ? Et majorité et opposition de se renvoyer la responsabilité. Dialogue de sourds. Commet faire ?

Point de vue d’un membre de l’opposition.

Si les oppositions ont tant de choses à dire c’est qu’elles ne sont pas du tout impliquées dans le processus de construction des dossiers. A aucun moment, par exemple,  un adjoint porteur d’un dossier important ne consulte ses collègues, pourtant eux aussi élus municipaux. Il existe bien quelques comités d’avis mais qui pour la plupart sont désertés par une opposition qui considère que tout est bloqué d’avance.

Le maire donne l’impression de négliger complètement ses oppositions et infuse ce sentiment à sa majorité. En tout cas, le ressenti des opposants, c’est qui n’y a aucun respect, ni attention, ni intérêt d’ailleurs. Causez toujours, nous nous votons. Ce qui provoque comme réaction une surabondance d’interventions et des excès  en tous genres. Étonnant pour qui prône à l’excès la co construction. Par exemple j’ai proposé au maire, plusieurs fois, de réunir les présidents de groupe sur des dossiers sensibles. Retoqué. J’ai proposé en 2016, au moment du plan d’austérité, un travail conjoint pour chercher des solutions. Retoqué.

Le conseil municipal n’est pas une AG d’EELV. Il faut savoir arrêter des échanges improductifs. Le maire ne marque pas suffisamment son autorité, comme cela était d’ailleurs le cas auparavant.

Le CM n’est qu’une chambre d’enregistrement, sans aucun enjeu. De toute façon, les délibérations seront systématiquement votées par 40 voix sur 59. Si c’est le système démocratique français, à Grenoble, à aucun moment la majorité n’a pris en compte certaines propositions ou réserves des oppositions. Le seul impact sera l’article dans la presse le lendemain et la vidéo de plus en plus désertée.

Ne pourrions-nous pas prévoir des commissions représentatives qui donnent un avis sur le travail des groupes d’élus lors de dossiers sensibles. Dans lesquels sont représentés à juste proportion les différents groupes politiques.

Les oppositions n’apprennent le contenu des délibérations que lors des commissions, 15 jours avant le conseil. C’est trop court pour faire un vrai travail. Et lors de certaines commissions les élus majoritaires sont sur la défensive et clos rapidement les débats en renvoyant au CM. Ce qui le rallonge d’autant plus. Le maire ne pourrait-il pas associer des représentants de l’opposition lors de dossiers stratégiques pour la ville.

Quand le Maire se saisira-t-il de cette difficulté de dialogue, et à défaut de faire des propositions positives, de réunir l’opposition pour un vrai échange ? Mais je rêve. »

Paul Bron

Des extraits de cet article sont parus dans Place Grenet ici :

Dix heures de conseil municipal à Grenoble : Paul Bron fustige une « démocratie par l’épuisement »