Fin de la trêve hivernale : Le cri de colère de Médecins du Monde

Nous relayons cet appel de Médecins du Monde. Grenoble, le 27 Mars 2018

« Face à l’aggravation de la précarité constatée au quotidien par ses équipes de terrain et à la veille de la fin de la trêve hivernale, Médecins du Monde (MdM) lance dans toute la France le jeudi 29 mars, une journée d’action nationale pour sensibiliser le grand public et interpeller les décideurs sur les conséquences du mal-logement sur la santé.
Engagées depuis 30 ans en France auprès des plus fragiles, les équipes de Médecins du Monde poussent un cri de colère et de frustration face à un Etat qui promet mais qui se désengage sur le terrain, laisse les associations en première ligne et condamne les actes citoyens de solidarité.
MdM, sur la base de propositions concrètes, demande au Chef de l’État de respecter les promesses faites et de faire appliquer le droit en vigueur en garantissant un accès à un logement décent pour tous. Afin de dénoncer la dissonance entre les belles paroles et les actes, MdM donne RDV aux médias et au plus grand nombre le jeudi 29 mars à 10h, place de la Gare à Grenoble.
Parce qu’il protège et détermine les conditions de vie des personnes ; parce qu’il est un espace intime indispensable à l’équilibre et au bien-être humain ; parce que la stabilité est une condition pour l’accès aux droits, le logement est un élément constitutif fondamental de la santé.
‘’L’accès à un logement est un préalable à toute démarche de soin et à tout parcours d’insertion des personnes en précarité. La stabilisation dans un logement sain et digne est une condition requise pour l’entrée et le maintien dans le parcours de soins, comme pour la réussite de l’accompagnement social et de l’insertion’’ déclare le Dr Françoise Sivignon, Présidente de Médecins du Monde.

LÉGISLATION INEFFICACE ET GESTION ABSURDE DU SANS-ABRISME
>72% des patients reçus dans nos centres d’accueil de soins et d’orientation (CASO) déclarent avoir un problème de logement
Le droit au logement a connu une avancée majeure en 2007 avec l’adoption de la loi Dalo (droit au logement opposable), qui fixe aux collectivités publiques une obligation de résultat : donner un toit aux personnes qui n’en ont pas.
Cependant, les personnes non ou très mal logées sont aujourd’hui encore très nombreuses en France. 72% des patients reçus dans nos CASO déclarent avoir un problème de logement. Les mesures envisagées en 2014 par les pouvoirs publics comportent des avancées mais elles ne sont pas assez ambitieuses pour répondre efficacement aux besoins des plus précaires.

>Un objectif présidentiel en échec
En période de grand froid ou de canicule, des moyens supplémentaires sont chaque année déployés temporairement, mais ils ne sont pas à la hauteur de la situation et surtout, ne s’inscrivent jamais dans la durée. Médecins du Monde dénonce l’absurde gestion au thermomètre du sans-abrisme.
En juillet dernier, Emmanuel Macron déclarait : « La première bataille : loger tout le monde dignement. Je veux partout des hébergements d’urgence. » Depuis lors, MdM constate quotidiennement lors de ses maraudes l’échec de cet objectif fixé en juillet et renouvelé lors de ses vœux en début d’année. Un récent recensement lors de la nuit de la Solidarité dans la capitale révélait que plus de 3 400 personnes dormaient à la rue.

>Un déni de réalité « L’hiver 2017 a également été marqué par les propos indécents, indignes et irresponsables de politiques qui visaient à minimiser le nombre de personnes à la rue, et à les rendre responsables de leur situation. Ces déclarations – profondément choquantes de la part de représentants de l’Etat – témoignent d’un déni de réalité et d’une déconnexion totale avec la situation des sans-abris en France » conclu la présidente de l’association.
EN CHIFFRES
 L’espérance de vie à la rue est de 49 ans contre 80 au niveau national.
 Il y a aujourd’hui environ 143 000 sans domicile en France.
 4 millions de personnes sont mal logées.
 Environ 17 000 personnes en France, dont 1/3 d’enfants vivent en bidonvilles.
 On estime à 18 000, le nombre de mineurs non accompagnés en errance sur le territoire.

Notre manifeste  #PasDeSantéSansToit
Le logement et la santé sont des droits fondamentaux.
Faisons-les respecter !
« LES BELLES PAROLES NUISENT GRAVEMENT A LA SANTE »
Au-delà des créations de places dans l’urgence, il est indispensable de mettre en place un plan de plus grande ampleur proposant des solutions de long terme, adaptées et incluant un accès direct au logement (Logement d’abord).
« A LA RUE, TOUTES LES SAISONS TUENT » L’inconditionnalité de l’accueil doit rester au cœur de l’action sociale pour que les personnes sans-abri aient un accès effectif à un toit : abrogation de la circulaire Colomb du 12 décembre 2017 qui organise un « tri » entre les migrants et les autres personnes à la rue.
Stabilisation des personnes et résorption des bidonvilles : aucune expulsion sans solutions de relogement stables, réfléchies en concertation avec les personnes concernées, et proposées en amont de l’expulsion.
« LE MAL LOGEMENT EXPOSE A UNE MAUVAISE SANTÉ ET A UNE MORT PREMATUREE»
Toute personne résidant en France doit avoir accès a minima à des conditions de vie dignes et aux moyens de satisfaire ses besoins vitaux. L’accès à l’eau, à l’hygiène et à l’alimentation doit être garanti pour tous, au travers d’actions portées par une volonté politique claire.
« ÊTRE MALADE A LA RUE RÉDUIT LES CHANCES DE SURVIE »
Les dispositifs spécifiques pour les personnes malades à la rue doivent être renforcés pour permettre aux personnes en grande précarité d’être hébergées dans des conditions compatibles avec leur état de santé. L’absence d’hébergement ou de conditions de vie adaptés aux problèmes de santé entraine la dégradation de la santé des personnes déjà fragiles, et des pertes de chance de guérison qui mettent leur espérance de vie en danger.

Contact presse :
Médecins du Monde, 03 rue Léon Sestier 38000 Grenoble / 04.76.84.17.31
Bénédicte Fachaux / 06.13.45.64.78 / benedicte.fachaux@hotmail.fr