Avis sur la reconstruction du collège de la villeneuve de Grenoble

Le collège Lucie Aubrac situé sur le quartier de la Villeneuve de Grenoble a été incendié en Juin 2017. Le conseil départemental a proposé une enquête auprès des habitants du quartier. Voir résultats de l’enquête sur notre site.

Avant une décision définitive, l’élu de Go citoyenneté, Paul Bron, a souhaité transmettre au Président du CD son avis personnel sur la future relocalisation. Voici son courrier :

« Monsieur le Président,

Suite à l’incendie du collège Lucie Aubrac, vous avez engagé une concertation et une enquête auprès des habitants du quartier de la Villeneuve. N’ayant pas participé à cette enquête, qui devrait être rendue publique début mars, je me permets de vous donner un avis personnel dans ce courrier.

Je suis actuellement élu municipal à Grenoble, dans l’opposition, ex adjoint à l’éducation lors du mandat précédent et mes liens avec le quartier de la Villeneuve sont forts. Outre y avoir habité pendant 25 ans, j’ai été instituteur à l’école du lac et coordonnateur des écoles expérimentales du quartier.

Je poserai la question de la reconstruction, à partir de 2 entrées :

Si l’on prend en compte, uniquement, la réussite scolaire des enfants de la VN dans les 10 années à venir, il me semble prioritaire de favoriser une mixité sociale et scolaire. Tel qu’il est situé, le collège (360 collégiens) ne présente aucun mélange social ou interculturel et ne joue pas son rôle d’ascenseur social…  Au delà de la qualité actuelle de l’équipe éducative du collège, et malgré les derniers résultats encourageants, les projets pédagogiques innovants et dynamiques ne suffisent plus à contrecarrer la précarité et l’enfermement du quartier. Les élèves doivent-ils en faire les frais ?

L’hypothèse de la construction d’un nouveau collège sur le futur quartier Flaubert en gestation ouvert à une pédagogie nouvelle doit être explorée, avec les moyens d’un collège prioritaire.  Relancer un projet pédagogique partagé, réfléchir à une formule de semi-internat, à une pédagogie différenciée, à des mini collèges, en partenariat avec les écoles primaires et le lycée Mounier, en collaborations avec les parents et les associations… Cela favoriserait la rencontre des jeunes de quartiers, d’origines sociales et culturelles différents.

Par contre, si l’on prend en compte l’avenir du quartier, il faut reconnaitre que le collège est aujourd’hui, à nouveau, un lieu structurant pour la Villeneuve en tant qu’équipement public. Le supprimer  renforcerait un sentiment d’abandon et de désengagement des pouvoirs publics, déjà présent parmi les habitants.

Un quartier de plus de 12 000 habitants peut-il se passer d’un collège ? D’autant plus que le sentiment d’appartenance au quartier est très fort.

En cas de reconstruction sur site, il faudra alors reposer la question de la carte scolaire et notamment de mixer les élèves avec le collège des saules situé maintenant sur Eybens et avec le collège Munch situé derrière la MC2, voir envisager encore d’autres scénarios. Quels élus auront ce courage politique ?

En cas de non reconstruction sur site, il s’agira de réutiliser les locaux du collège pour accueillir un projet générant du lien et ouvert sur l’extérieur. Ces projets doivent s’inscrire dans la dynamique de la Métropole. Cette ouverture briserait, d’une certaine façon, le repli sur soi de la VN et la stigmatisation grenobloise des quartiers sud. Dans ce cas, la question est posée non seulement à la communauté éducative du quartier, mais aussi aux citoyens et élus métropolitains.

Et dans tous les cas, la reconstruction de ce collège dans 3 ans, doit permettre de reconfigurer la carte scolaire de l’agglomération pour plus de mixité sociale.  

Restant à votre disposition,  je vous prie de croire Monsieur le Président en l’expression de mes sincères salutations. »