« Grenoble Nouvel Air » répond à nos 12 propositions pour impulser un fonctionnement démocratique donnant une vraie place aux citoyens

Nous avons transmis , il y a 6 mois, aux différents groupes politiques de Grenoble, un appel assorti de « 12 propositions pour impulser un fonctionnement démocratique donnant une vraie place aux citoyens »
Vous trouverez ci-après la réponse que le groupe  » Grenoble Nouvel Air » a collectivement élaborée.
« Grenoble Nouvel Air est un collectif citoyen visant à offrir une alternative de gauche et écologiste, qui corresponde à l’histoire de notre ville : humaniste, ouverte, innovante. Nous avons décidé de construire une alternative car nous avons le sentiment que la majorité actuelle ne parvient pas à se remettre en cause pour effectuer le bilan nécessaire de son action afin de repartir sur une base saine.
Nous ne pensons pas qu’après une expérience de cinq ans et demi de pouvoir la majorité puisse « repartir d’une page blanche », d’autant qu’elle a malheureusement fait souvent preuve de dogmatisme ces dernières années. Nous sommes inquiets des écarts de cette équipe entre communication et politique menée, et d’une posture de supériorité morale qui les éloigne trop souvent des réalités quotidiennes des grenoblois.
Depuis six mois nous avons donc construit un collectif citoyen à partir des habitant.es de notre ville et non des partis. Nous en avons assez du sentiment d’impuissance du politique. Nous voulons que notre ville reprenne le fil de son développement, que ses quartiers populaires soient à nouveau pris en compte.
Nous souhaitons proposer aux Grenoblois une nouvelle alliance de gauche qui porte une transition écologique qui s’appuie sur la démocratie, la solidarité, la science et sur nos acteurs économiques locaux. Nous souhaitons concilier les problèmes de fin du monde avec les problèmes de fin de mois.
Nous souhaitons porter cette démarche avec l’ensemble des forces de gauche progressistes et surtout avec les citoyens. Rétablir la confiance dans la démocratie locale est un préalable à tout projet que nous partageons pleinement avec vous. Il y a en effet urgence à rétablir l’écoute et la participation réelle des habitants ainsi qu’à changer la posture des élus dans notre ville. Aussi nous nous réjouissons des propositions que vous apportez dans le débat à gauche et souhaitons poursuivre les échanges avec vous sur le sujet.
Nous vous faisons ici un premier retour dont l’objet de contribuer à un débat que nous espérons poursuivre.
Revoir l’organisation démocratique
A l’heure actuelle, certains citoyens ne participent pas du tout à la vie démocratique locale, soient parce qu’ils ne s’estiment pas légitimes, soit parce qu’ils n’en ont pas envie, soit parce que leur réalité sociale est un frein trop puissant. Nous abordons la question de la participation citoyenne avec humilité car nous ne pensons pas qu’il existe de réponse miracle au besoin de concertation et de participation. Nous avons conscience qu’il existe déjà de nombreux dispositifs de participation (peut-être même trop ?). Les citoyen.ne.s ne doivent pas se sentir désorientés par la multiplication des dispositifs. Il nous paraît nécessaire de revoir l’ensemble des dispositifs existants, de les ajuster pour prévoir une réelle mixité sociale et de les comparer avec les dispositifs et expériences réalisés ailleurs afin de renforcer leur attractivité.
Nous souhaitons également que la jeunesse soit davantage prise en compte dans la démocratie locale, et à ce titre nous souhaitons discuter avec vous des modalités permettant de garantir la participation des jeunes à l’ensemble des instances de démocratie locale, en lien avec les agents de développement local et les correspondants jeunesse.
Nous sommes tout à fait favorables à la constitution de conférence de consensus pour les décisions importantes et sommes de manière générale favorables à l’expérimentation sur les dispositifs participatifs.
Concernant les référendums, attendu que de nombreuses décisions importantes se prennent désormais au niveau métropolitain, il faudra réfléchir à la possibilité de l’implémenter à ce niveau-là. Par ailleurs, nous pensons que les référendums ne doivent pas venir s’opposer aux délibérations des conseils élus mais qu’ils doivent plutôt les remplacer lorsqu’il s’agit d’un sujet majeur, en particulier si il n’a pas émergé dans le débat politique précédent l’élection. En effet, si les partis politiques et collectifs citoyens peuvent bien sûr prendre position, il nous semble qu’il est essentiel que l’administration joue un rôle de neutralité et d’information dans l’éventualité de l’organisation d’un référendum.
Enfin nous sommes tout à fait favorables au développement du droit d’interpellation. A ce titre, nous réfléchissons par exemple à la possibilité qu’à chaque conseil municipal une partie de la séance soit consacrée à des questions provenant d’ associations ou de collectifs d’habitant.es
Créer des maisons citoyennes
Nous sommes tout à fait favorables à votre proposition et souhaitons fortement mettre en avant cette logique de guichets uniques. Cette préoccupation démocratique essentielle nous semble également particulièrement vraie dans l’accès aux services publics. Il est clair que le fonctionnement actuel en « tuyau d’orgue » ne permet pas une approche globale des situations complexes. C’est particulièrement vrai et dramatique pour les personnes en situation de précarité, avec pour effet un non-recours au droit important pour ces populations. De la même façon, il est clair que l’absence de guichet unique est aujourd’hui un frein majeure à l’engagement pour toutes les personnes aujourd’hui exclues des dispositifs de démocratie participative.
Promouvoir une métropole de proximité
A ce titre, si nous considérons les budgets participatifs de la ville de Grenoble comme une réussite et que nous souhaitons d’une part augmenter l’enveloppe financière qui leur est dédiée, et d’autre part mieux identifier ce qui doit relever de politiques publiques portées par la collectivité et ce qui correspond à l’initiative citoyenne. De même, nous souhaitons pointer une inquiétude quant à la répartition territoriales des projets réalisés. En effet, de part le différentiel de participation entre les quartiers de la ville, ceux-ci peuvent malheureusement être une source supplémentaire d’augmentation des inégalité socio-spatiales. C’est pourquoi il nous paraît essentiel que les élus et les services se préoccupent d’aider les habitant.es des quartiers ayant jusqu’ici le moins bénéficié des financements à monter leurs projets, et que les budgets participatifs soient en partie au moins territorialisés. A ce titre, la notion d’incubateur territoriaux que vous évoquez nous paraît très intéressante.
Concernant la possibilité d’un budget participatif métropolitain tel qu’évoqué en exécutif métropolitain, nous y sommes tout à fait favorables. En effet, nous pensons qu’au vu de ses compétences, il est essentiel que la métropole soit démocratisée et bien plus présente dans le débat public. La construction d’un budget participatif métropolitain en lien avec le plan climat est un très bel outil pour aller dans ce sens.

Impulser des élu.es médiateur.rices

Tout d’abord, nous partageons entièrement votre préoccupation quant aux rôles de « porte d’entrée » que doivent jouer les élus, ce qui nécessite de redéfinir les règles entre élus, habitant.es et service par rapport à ce qu’elles sont aujourd’hui. Il est pour nous essentiel que les élus aient pour rôle d’accompagner les habitants dans leurs démarches. La posture des élus doit donc avant tout passer par l’écoute, l’humilité et la bienveillance.
Notre démarche à pour premier objectif de faire émerger les citoyens dans l’espace démocratique. A ce titre, les moyens financiers et surtout humains en faveur de la formation à la concertation et à la création collective des élu.es, des habitant.es et des services doivent être augmentés. Nous devons également veiller à mieux intégrer le numérique comme un moyen possible de concertation.
Nous rejoignons tout à fait votre préoccupation sur la capacité des élus à avoir une approche  à la fois territoriale et inter-institutionnelles. Il nous semble en particulier inconcevable que les élus communaux soient incapables de répondre à des problématiques métropolitaines. C’est pourquoi nous souhaiterons discuter avec vous de la proposition suivante : que les élus de secteur grenoblois siègent tous comme conseillers métropolitains. En effet, les secteurs de la ville de Grenoble représentent chacun davantage d’habitants que la plupart des communes de la métropole, et il nous semble indispensable qu’ils puissent jouer leur rôle d’élu.es de proximité auprès de la métropole.
S’engager fortement dans l’écologie sociale et populaire
L’urgence environnementale exige de repenser notre mode de développement et nous sommes heureux que cette question connaisse enfin des avancées dans l’opinion publique, occasion que nous devons saisir pour accélérer notre sortie des énergies fossiles et porter une écologie ambitieuse et audacieuse au cœur de notre projet.
Malheureusement nous constatons dans le même temps que la tentation du repli gangrène notre pacte social ici comme ailleurs, mais aussi que de nouveaux égoïsmes se dessinent ainsi qu’une forme particulièrement dangereuse d’indifférence à la souffrance sociale.
C’est pourquoi nous voulons porter une politique qui sache conjuguer transition écologique et justice sociale. Nous sommes partageons avec force votre constat sur qui sont les principales victimes des dérèglements climatiques et de la pollution environnementale. Nous croyons fermement que les solutions vécues comme punitives n’en sont pas car elles sont vouées à l’échec. Nous croyons à la fois fermement dans d’autres modèles économiques, sociaux et solidaires, collaboratifs, favorisant l’économie circulaire. Nous croyons également que pour réaliser la transition il est indispensable de renouer avec la sciences, les technologies, la culture et les acteurs économiques locaux, des commerçants de proximité aux jeunes entreprises innovantes.Pour réussir cette politique, il nous faudra bien davantage d’investissements dans les transports en commun que ce qui est aujourd’hui prévu. Nous pensons que les transports en commun devraient à terme être gratuits, comme le sont aujourd’hui les routes. Afin de concilier ces deux exigences, nous réfléchissons au développement de gratuités partielles, à destination des plus jeunes ainsi que des plus défavorisés dans un premier temps.
Sur la questions du logement, nous sommes comme vous favorables à l’encadrement des loyers d’une part, et particulièrement sensibles aux questions de rénovation thermique que vous avez soulevé d’autre part. Pour réaliser notre objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, nous devrions rénover 5 000 logements par an sur le territoire de la métropole… or nous n’en rénovons que 1 200 par an actuellement. Par ailleurs, si nous voulons diminuer nos émissions de gaz à effet de serre et renforcer notre cohésion sociale, il est également indispensable de concevoir une politique de construction de logement plus ambitieuse, qui nécessitera d’affronter les égoïsmes locaux, et de retrouver une maîtrise de notre foncier. A ce titre, il nous faudra notamment renforcer les moyens de l’EPFL.
Enfin concernant le revenu universel d’existence, nous sommes favorables à son expérimentation et avons accueilli dans notre collectif des membres de Génération.S qui souhaitent fortement travailler avec vous sur ce sujet. »