Accueil d’urgence : retour sur la table ronde du 27 juin 2013 organisée par la Préfecture.

« Le Préfet a mis 600 personnes à la porte ».C’est suite à l’annonce brutale de la fin des fonds consacrés aux centres d’accueil d’urgence, que les associations qui travaillent à l’accompagnement des personnes ont vivement réagis.
Le Préfet de l’Isère a donc récemment tenu à clarifier la situation.

La rallonge budgétaire obtenu par la préfecture, grâce à l’interpellation de Matignon par les élus locaux va permettre au préfet de tenir ses engagements envers les associations qui œuvrent dans le cadre d’une « mission de service publique ».

En effet, ce dernier les avait sollicitées pour recruter du personnel dans le but d’accompagner ces populations. La pérennité de ses emplois dépendait de subventions. Il convient de rester prudent quant à son montant, mais il apparaît dans ses propos qu’elle serait suffisante.
Le temps et la nature des travaux de chaque structure accomplissant une œuvre commune : Conseil Général de l’Isère, Préfecture, Ville, association conventionnées, non conventionnées, n’ont pas convergées, créant un vent de panique dans les centres d’accueil d’urgence.
Ce vent de panique, lié à l’annonce de la date buttoir de fermeture des centres d’accueil d’urgence le 30 juin, a entrainé la sortie  » volontaire et anticipée  » de 47 personnes qui ceux sont retrouvées à la rue.
Les débats ont essentiellement portés sur les préoccupations des associations qui sont sur le terrain. L’annonce du déblocage des fonds de l’administration centrale va permettre de maintenir le dispositif des centres d’hébergements d’urgences.

Les associations ont profité de cette occasion pour demander une clarification de la politique publique, et une meilleure concertation, pour gagner en efficacité sur le terrain. L’objectif est de rendre possible un fonctionnement plus pérenne des dispositifs mis en place. Un exemple a été présenté pour l’organisation de l’hébergement pré-hivernal et hivernal, avec un calendrier des actions pour ne pas avoir à travailler dans l’urgence, et dans le doute.
Les financements se réduisant du fait de la situation économique, il est primordial d’encourager une solidarité de l’ensemble des acteurs du territoire, notamment des élus locaux de l’Isère pour permettre la décentralisation.
Cela permettrait aussi une juste répartition des responsabilités afin que tous les acteurs puissent remplir leurs missions respectives dans le respect des Lois et des personnes.

Ainsi, les financements du Conseil Général ayant été stoppés depuis février, la Ville de Grenoble par l’intermédiaire de son CCAS, assume financièrement (400 000 euros par mois) depuis 5 mois, le dispositif hôtelier.
Le Préfet a été invité au séminaire organisé le 2 juillet sur le logement et les populations précaires. Ce séminaire constituera un premier pas pour réfléchir à comment vivre ensemble et favoriser la paix sociale, objectif de tous ceux et celles qui ont participé à cette table ronde.

Aurélie Fortune

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Vœu présenté et adopté au CM du 17 juin 2013 par le groupe des élus socialistes, radicaux, républicains et société civile au nom de la majorité municipale

La Ville de Grenoble et son CCAS sont confrontés depuis de longs mois à une situation plus que délicate en terme d’hébergement d’urgence. La situation issue de la décision prise en 2009 par le Gouvernement précédent de régionaliser la demande d’asile revient, de façon inacceptable, à concentrer les difficultés sociales dans les territoires qui portent largement et historiquement les efforts de solidarité.Ces décisions n’ont par ailleurs jamais été accompagnées des moyens nécessaires. Pire des restrictions budgétaires ont régulièrement été opérées entrainant une diminution de l’offre d’hébergement d’urgence, alors même que les besoins n’ont jamais été aussi importants depuis une vingtaine d’années.

Comme nous le craignions à l’époque, cette régionalisation s’est traduite par une augmentation exponentielle des demandeurs d’asile primo-arrivants sur le département et particulièrement sur Grenoble et son agglomération, passant de 470 en 2009 à 1400 en 2012.

C’est ainsi tout le système d’accueil, d’hébergement et d’accompagnement social des ressortissants étrangers comme nationaux qui a été déséquilibré et mis en péril :
– les places du dispositif CADA ont été rapidement saturées et ne sont plus en capacité de faire face à une demande caractérisée par un nombre important de familles avec enfants ;
– les demandeurs « prioritaires des pays sûrs » ne pouvant accéder au dispositif CADA, se tournent vers le dispositif d’hébergement d’urgence et représentent 90 % des appels au 115 ;
– les déboutés du droit d’asile, 90% des effectifs, sont sortis des CADA un mois après leurs réponses négatives sans solution d’hébergement et/ou d’accompagnement social. Ils se tournent alors vers la Préfecture pour demander des titres de séjour (santé, famille, humanitaire) dont la réponse peut prendre 5 à 7 ans et ils se tournent vers l’hébergement d’urgence qui se passe alors à l’hôtel – 280 places en 2009, 740 en 2012 – ou dans le dispositif supplémentaire hivernal – 320 places en 2008, 840 en 2012.

Depuis la mise en œuvre de la régionalisation de la demande d’asile, les services sociaux et les associations estiment qu’environ 2000 personnes sont actuellement dans ces « situations administratives complexes », avec des conséquences très larges sur la vie quotidienne de l’agglomération grenobloise :
– les accueils de jour et les associations qui proposent de l’aide alimentaire et/ou de santé et/ou d’hygiène sont prises d’assaut et au bord de l’implosion, décourageant les bénévoles alors que les concours de l’Etat au fonctionnement et à l’entretien des locaux et du matériel ne sont pas à la hauteur des besoins ;
– les associations d’hébergement ne cessent de capter du logement privé ou public, souvent dans des quartiers déjà difficiles, diminuant de fait l’offre proposée aux populations issues du territoire et aggravant les tensions sociales déjà présentes ;
– l’ensemble des places d’hébergement étant saturées, nous voyons les primo-arrivants s’installer avec des tentes dans les jardins publics (plus de 150 personnes en ce moment au centre de Grenoble), suscitant l’incompréhension des habitants, voire des phénomènes de rejet et d’agressivité ;
– les comportements délictueux liés à la misère ou à des stratégies de survie se multiplient et provoquent les mêmes réactions de rejet.

Cette situation héritée des gouvernements précédents depuis plus de 3 ans n’est pas acceptable et ne peut perdurer. En aucun cas l’Etat ne peut laisser l’exercice des droits à l’hébergement, à la vie familiale, à la santé ou à l’alimentation à la seule bonne volonté des collectivités locales et des associations caritatives pour une partie importante des populations concernées.

Le Ministre de l’Intérieur a récemment annoncé qu’il souhaitait engager une réforme dub système d’asile qu’il a lui-même présente comme étant  »à bout de souffle »

Le conseil municipal de Grenoble, réaffirme son souhait d’un Etat garant d’une péréquation territoriale des efforts d’accueil, assumant pleinement ses responsabilités tant en terme de solidarité que d’ordre public. Il affirme également son incompréhension face aux annonces récentes de réduction des crédits affectés à l’hébergement d’urgence qui risquent de rendre la situation, dans notre ville et notre .agglomération, plus tendue encore.
Il demande à cet effet au gouvernement :
– d’allouer à la région Rhône Alpes les moyens d’urgence nécessaire pour répondre aux besoins concentrés dans les départements du Rhône et de l’Isère à l’échelle des 8 départements concernés, en veillant à ce que l’Etat garantisse une réelle péréquation des efforts demandés aux territoires ;
– d’assurer l’égalité de traitement des territoires en abrogeant la régionalisation de la demande d’asile qui contribue à concentrer les besoins dans certaines agglomérations tout en exonérant d’autres territoires de cette solidarité nationale.

Ce vœu sera transmis à M. le premier ministre, à M. le ministre de l’intérieur, à Mme la ministre de l’égalité des territoires et du logement, à Mme la ministre des Affaires sociales et de la santé, à Mme la ministre déléguée à la lutte contre l’exclusion.