Quel avenir pour la Cité Scolaire Internationale ?

La situation particulière des collèges de Grenoble et de l’agglomération et notamment celle de la Cité Scolaire Internationale, nécessitent d’être posée objectivement et politiquement.

Actuellement le Conseil Général annonce 1500 places vacantes dans les collèges de Grenoble, avec une très forte disproportion en faveur des collèges du Nord de la ville. D’où l’urgence de revoir les équilibres, non seulement pour un accueil satisfaisant des élèves (proximité, sureffectifs..) mais aussi pour permettre une meilleure mixité sociale… tout en gérant au mieux les dépenses publiques.

Au regard du critère de mixité, deux situations grenobloises caractérisent les extrêmes de la situation : la cité scolaire internationale et le collège Lucie Aubrac.

La Cité Scolaire Internationale située à Europole, (photo) regroupe un collège et un lycée publics qui accueillent 1 000 élèves de 40 nationalités depuis 2001. Elle est réservée à deux types de public : les enfants d’ingénieurs et de chercheurs étrangers qui souhaitent un établissement d’accueil adapté à leurs besoins et les enfants de parents français du département, désirant promouvoir une langue dans l’éducation de leurs enfants. La sélection d’entrée s’opère sur le niveau de langue de l’élève. La CSI accueillerait actuellement 50% de chaque catégorie, et la liste d’attente est importante. http://www.ac-grenoble.fr/cite.scolaire.internationale/

Le collège Lucie Aubrac situé sur la Villeneuve accueille les enfants du quartier. Rempli à 40% de sa capacité, ce collège est le seul du département à être inscrit selon le critère « réseau ambition réussite » de l’Éducation Nationale. 75% des enfants sont boursiers, le niveau le plus élevé de l’académie. Voir à ce sujet la tribune parue sur ce site : « Départementales-opinion : pour une délocalisation du Collège Villeneuve à Grenoble » : http://go-citoyennete.fr/?p=1552rel=

Précisons que la compétence de l’encadrement de ces collèges, des équipes d’enseignants et de la pédagogie mise en œuvre, n’est pas du tout en question dans cet article.

Mais, au delà des spécificités de ces deux collèges, c’est l’ensemble de la carte scolaire de la Métropole qu’il faut prendre en compte, tout en respectant la « continuité éducative » des enfants de la maternelle au lycée.
Plusieurs questions sont posées :
– Comment rééquilibrer les effectifs des collèges publics de la ville en stimulant leur attractivité ?
– Comment favoriser la diversité des publics, en conservant une certaine proximité et en limitant l’évitement ?
– Comment diffuser, sur l’ensemble de l’agglomération, la compétence linguistique ? Le collège Vercors est déjà concerné et il est question d’une compétence « internationale » pour le Lycée Argouges…
– La ville de Grenoble a-t-elle besoin d’un établissement d’excellence tel que la CSI, pour promouvoir son attractivité nationale et internationale ?
– Faut-il délocaliser le collège Lucie Aubrac ? Et après une reconstruction du collège des Saules, le CG peut-il se permettre de bâtir un nouveau collège sur le quartier Flaubert, en cours de ré urbanisation ?

– Comment favoriser une continuité éducative qui donne sens au cursus scolaire des enfants de la Métropole ?
– – …/…

Le Collectif « Collège de proximité », composé pour l’essentiel, de parents d’élèves du Nord de la ville, et d’où est issu l’adjoint aux écoles de Grenoble, mobilise de nombreux parents d élèves et plaide depuis plusieurs années pour une ouverture de la CSI afin de résoudre les problèmes de sureffectifs du secteur et « d’introduire un peu de mixité sociale où elle est quasiment absente ». Ce collectif qui affiche une préoccupation communale, n’émet malheureusement pas d’avis sur les collèges du sud de la ville. http://www.ecoles-college-proximite.info/ouverture-scolaire-internationale-29jan2015/

La fédération des parents d’élèves FCPE a pris officiellement position pour une ouverture de la CSI lors du dernier CDEN, le 4 novembre 2014 dans sa déclaration liminaire dont voici un extrait : « Nous voulons évoquer la Cité Scolaire Internationale (collège-lycée) située dans un secteur où les effectifs de collège dépasseront bientôt largement les capacités des établissements existants. Cet établissement élitiste, accueille moins de 10 % d’enfants qui dépendent des accords internationaux qui engagent l’État français. Le reste des élèves est issu de sections internationales, drastiquement sélectionnés. La mixité sociale est très faible. Ceci est contraire aux valeurs de la FCPE. La sectorisation quasi complète ou partielle, permettrait d’absorber l’augmentation des effectifs des collèges du secteur. Il semble donc opportun de proposer cette ouverture de la CSI à la fois pour des raisons de mixité sociale et de saturation des collèges de Grenoble nord. » Nous ne disposons pas de sa position concernant le collège Lucie Aubrac. La Fédération PEEP n’a pas, pour l’instant et à notre connaissance, manifesté son avis officiel sur ces 2 situations.

Du côté du Conseil Général la posture est prudente : « Le CG est responsable de la carte scolaire pour les collèges… Actuellement, la capacité d’accueil globale des collèges en Isère est supérieure de 9 000 places au nombre d’élèves, soit l’équivalent de 14 établissements vides ! La situation varie d’un secteur à l’autre… Sur l’agglomération grenobloise, la situation est estimée à 5 800 places dont 2 800 en 2020. C’est pourquoi, le Conseil général reste prudent quant à la création de nouveaux établissements …. » Cf.Isère magazine Octobre 2014.
Le CG a proposé il y a 2 ans de bouger une partie du périmètre scolaire du collège Fantin Latour vers le collège Aimée Césaire, avec un succès mitigé ! Il étudie une autre hypothèse sur St Martin le Vinoux. Par contre, selon nos informations, le CG (et l’E.N. ?) préserverait la situation actuelle de la CSI mais regardait avec attention, une délocalisation du collège de la Villeneuve vers Flaubert…

La ville de Grenoble, quant à elle, à l’inverse, soutiendrait la demande d’ouverture de la CSI, assortie entre autre, d’un projet de délocalisation en direction du collège des Saules. Mais elle conserverait en l’état le collège Lucie Aubrac…

Deux positions guère compatibles, voir opposées…

Pour plus d’efficacité et de mixité sociale, la priorité reste, à notre avis, de prendre en compte avant tout, un décloisonnement et un rapprochement des périmètres scolaires du nord vers le sud et une délocalisation du collège Lucie Aubrac. Et d’insuffler à la CSI une dose d’ouverture sur le quartier.

Maintenant, aux candidats aux élections départementales de se prononcer.
Paul Bron

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