Encourager les acteurs de l’innovation à interagir avec les PME

Nous reproduisons avec son accord, l’essentiel de l’intervention de Jeanne Jordanov, élue communautaire, lors du conseil de Métropole du 21 Mai 2015 afin d’encourager une politique dynamique de la Métropole en matière de développement économique

Délibération n°1 : Économie, industrie, tourisme et attractivité du territoire : « Participation au financement des structures d’appui à la création et au financement d’entreprises : ADIE, MCAE, Sud Inititatives, Réseau Entreprendre-Isere, Grenoble Angels, Agiremploi/MIFE, La Pousada, Tarmac-Inovallée. »

« Cette délibération constitue une première étape d’une politique économique active de soutien aux nouvelles entreprises et nous devons certes toutes et tous nous en féliciter. Ce premier pas, … m’amène à émettre une recommandation et à exprimer une alerte.
Recommandation :
Lorsque le projet de cette délibération a été présenté à la commission Développement et Attractivité, les services ont fait état d’un travail préalable de cartographie des structures existantes d’appui à la création d’entreprises sur notre territoire. J’ai trouvé ce premier travail d’une excellente qualité, et je recommande vivement qu’il puisse être poursuivi, puisque la valeur ajoutée de cette démarche viendra avant tout de l’analyse des compétences relatives des différents outils et de ce qu’ils apportent respectivement aux entrepreneurs.
Il sera notamment important de préserver les métiers et les savoir faire de l’accompagnement, car ce sont des compétences rares, précieuses et qui ont mis du temps à se constituer. Ce travail d’analyse n’aura pas nécessairement vocation à faire de l’économie de moyens, mais surtout à doter la Métropole d’une organisation plus efficace et d’une mise en réseau de tous ces dispositifs, dont il faudra s’assurer qu’ils travaillent bien autour de l’entrepreneur et de son équipe.
Si nous voulons développer une politique dynamique et attrayante d’aide à la création et au développement des entreprises, alors il faut que la Métropole puisse disposer d’une vision globale et fine de tous ces dispositifs et qu’elle les fasse travailler sur les axes prioritaires qui auront été définis ensemble.
Je voudrais noter au passage que cette première cartographie a omis de mentionner 2 dispositifs pourtant emblématiques dans l’accompagnement à la création d’entreprises à haut potentiel, celle de l’incubateur et accélérateur ?1 d’entreprises Gate1 et celle de la Société d’accélération du transfert de technologie SATT. J’y reviendrai dans un instant.
Alerte :
Tout en me félicitant de cette première étape, je voudrais affirmer ici que nous ne pouvons pas continuer à considérer comme des milieux étanches l’un à l’autre d’une part ces entreprises à haut potentiel, dont le temps de développement est souvent long, et d’autre part les très nombreuses petites et moyennes entreprises qui sont, rappelons-le, le pourvoyeur de très nombreux emplois sur notre territoire. Une autre étude menée récemment par les services et également présentée en commission Développement et Attractivité a pointé d’ailleurs une situation de l’emploi qui n’est pas bonne.
Là aussi, si notre métropole veut se doter d’une politique ambitieuse et véritablement novatrice dans ce domaine, alors il nous faudra stimuler et accompagner bien davantage les interactions entre les unes et les autres. Car, si les entreprises dites innovantes sont un gage certain du dynamisme de ce site, elles sont aussi aptes à se délocaliser plus facilement que les autres, encouragées en cela par leurs fonds d’investissement, par leurs racheteurs ou par des acteurs publics de territoires voisins.
C’est pourquoi, une façon de valoriser encore davantage les jeunes entreprises à caractère innovant serait de les encourager à travailler en réseau avec les PME plus traditionnelles et plus ancrées sur ce territoire (quelques unes le font d’ailleurs). Vous en conviendrez avec moi, apporter des briques d’innovation à ces petites et moyennes entreprises ne peut qu’être une valeur ajoutée, car cela peut les rendre plus solides, plus dynamiques, cela peut les aider à emporter de nouveaux marchés et de nouveaux clients, avec un impact réel et fort sur la production d’emplois nouveaux et stables. Il se trouve que nous disposions au niveau de notre Métropole d’un dispositif dont une des missions, à la hauteur de ses moyens limités bien sûr, était d’aider des petites entreprises à s’approprier de l’innovation venant de jeunes entreprises innovantes ou de laboratoires, que ce soit des services ou bien une brique technologique, que ce soit de l’innovation frugale et/ou durable, pour justement les aider à faire ce saut qualitatif. Il s’agit de PETALE, qui été créé en 2006 avec le soutien fort de la Ville de Grenoble et de la Métro, et que la DIRECCTE avait aussi soutenu en demandant que son modèle d’accompagnement soit également déployé sur Lyon. Ce qui a été fait. Pétale a été fusionné en 2014 avec l’incubateur Grain, pour donner lieu à une nouvelle entité regroupée Gate1, tout en poursuivant son action d’accompagnement.
Or, je viens d’apprendre que l’intégralité des personnels de Gate1, y compris les salariés de Pétale, ont été repris par la Société d’accélération du transfert de technologie, et ont désormais pour unique mission de se focaliser exclusivement sur l’accompagnement de la création d’entreprises issues des laboratoires de recherche.
… Ce n’est pas l’évolution organisationnelle en elle-même qui me pose question, toute organisation vivante et dynamique est à même d’évoluer pour s’adapter, et le fait que Pétale ait été intégré dans un ensemble plus vaste ne pose à mon sens aucun problème. De même, je ne peux que me féliciter de ce soutien accru aux start-ups issues de la recherche, c’est le monde d’où je viens après tout et j’avais d’ailleurs été missionnée pour coordonner le projet qui a depuis été labellisé par l’État.
Non, ce qui me pose question, c’est l’orientation nouvelle donnée à la SATT et la disparition concomitante du métier de Pétale, qui était aussi de connecter des entités productrices d’innovation avec des PME plus traditionnelles, car cela veut dire quoi ? Cela veut dire que nous ne sommes plus du tout outillés pour encourager les acteurs de l’innovation à interagir avec les PME, à y diffuser leurs produits ou processus novateurs, à familiariser celles-ci avec les processus d’innovation, à être en somme davantage dans le collaboratif et dans la coproduction.
D’où mon alerte sur le fait que notre Métropole, en tant que stratège de la politique économique pour l’ensemble de ses communes, ne devrait pas laisser les choses se dérouler ainsi. «