CR : Conférence François DUBET : « Voulons-nous vraiment la solidarité ? »

Voulons-nous vraiment l’égalité, la solidarité ?

La Ligue de l’enseignement 38 , Recit et GO Citoyenneté : nos trois associations se sont réunies pour inviter François Dubet, sociologue, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociale pour une soirée débat le 8 juin dernier.

Sans langue de bois, François Dubet explique que notre société construit aujourd’hui une multitude d’inégalités, qui nous arrangent tous ou presque, malgré les grands discours affirmant l’égalité pour tous. Effectivement, entre la révolution industrielle et les années 80, l’égalité sociale a progressé : sécurité sociale, redistributions… l’écart entre les riches et les plus pauvres a diminué passant de 1 à 10 à 1 à 3,5. Mais depuis une vingtaine d’années, les inégalités se creusent à nouveau.

C’est l’exemple de l’urbanisme qui créé des ghettos urbains, de l’école plus inégalitaire en France qu’au Chili, l’exemple de la rigidité des corporatismes, des métiers. Le discours a évolué en parlant de « l’égalité des chances » qui induit un match, une concurrence, et une possible défaite pour ceux qui ne réussissent pas. C’est le cas des chômeurs et des pauvres, dont on commence à dire que c’est aussi leur faute… Le discours de solidarité entre les gens commence à décroitre.

L’impôt est l’acte de solidarité symbolique par excellence : nous payons pour des personnes que nous ne connaissons pas. Tout le monde contribue à la vie de tous. Cet imaginaire de la solidarité s’est fortement construit après la guerre mais n’a pas résisté à la mondialisation. Aujourd’hui, les relances économiques n’ont pas d’effet sur la réalité sociale des territoires. Et le discours ambiant affirme que nous payons trop d’impôts. Tout le monde a l’impression de se faire « avoir » en ayant peur du « déclassement ».

Il faut donc réaffirmer fortement la volonté d’égalité. Mais le pouvoir politique est loin des citoyens, le contrat social doit être recréé. Une nation a des principes : qu’avons-nous de commun dans le respect de nos différences ? Notre imaginaire social, politique et symbolique doit se recréer en France avec des valeurs de gauche.

François Dubet propose trois pistes :
– Rendre plus transparente la vie démocratique,
– Rendre lisible les transferts sociaux,
– Rendre compréhensible ce qui fait société.

La réforme des collèges
Les français ont un rapport à l’école proche du religieux, du symbolique. Toucher à l’école est complexe, car ceux qui s’expriment son ceux qui ont bénéficié du système et qui ne veulent donc pas le faire changer ; est-ce que l’école leur appartient pour autant ? Se place-t-on du côté de ceux qui ont réussi ou de ceux qui ne réussissent pas ? Il faut ouvrir, diversifier les expérimentations, permettre le travail d’équipes, mieux former les enseignants aux pédagogies, dans un contexte de redistribution financière : l’école primaire coût beaucoup moins cher que le lycée…
Le rôle de l’école est de permettre d’apprendre en étant différents, faisons nous confiance.

CR : Sylvie Barnezet

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