Pour des horaires scolaires simples et structurants et un périscolaire gratuit et de qualité

Comment faire évoluer la réforme des rythmes scolaires ?

Au moment où la nouvelle municipalité de Grenoble souhaite reconsidérer son offre périscolaire à l’occasion du renouvellement du Projet Educatif de Territoire, devenu obligatoire pour pouvoir toucher l’aide de l’Etat de 50€ /élève. Il est utile de faire un point de la situation.

Nous publions ici :

  • des extraits de l’article de Paul Bron envoyé au Café Pédagogique,
  • un article du DL sur le périscolaire,
  • et faisons référence à une pétition.

Vous pouvez consulter aussi le projet des élus  sur le site de la ville.

« Plusieurs villes ont engagé la réforme des rythmes scolaires en Septembre 2013. Comment tirer profit des ces expériences alors qu’une nouvelle vague de Projet Éducatif de Territoire doit être signée après 3 années de fonctionnement ? Consulter à ce sujet, le Comité de suivi des rythmes scolaires publie chaque année un bilan ( http://www.vie-publique.fr/actualite/alaune/reforme-rythmes-scolaires-premier-bilan-positif-20140218.html)….

Trois questions essentielles à mon avis, se posent actuellement pour les villes :
– celle de trouver la meilleure organisation de la semaine, en lien avec la spécificité de la commune, le rythme des enfants et des familles et celui des enseignants.
– celle de la qualité de l’offre périscolaire et donc par conséquence, de l’amélioration de la formation des animateurs et du relai pris par les associations,
– et celle du coût de cette offre, dans une période de baisse des dotations de l’État.

Grenoble fait partie des villes qui se sont engagées en 2013. J’étais à cette époque chargé de la mise en œuvre de cette réforme.

La semaine scolaire mise en place repose sur des horaires simples : de 8h30 à 16h pour les 60 écoles de la commune, avec des aménagements à la marge. Le périscolaire est gratuit de 16h à 17h 30, autour de deux activités : la récréative et l’accompagnement scolaire. Parallèlement des ateliers éducatifs payants périodiques sont animés, pour l’essentiel, par les associations socio culturelles de la ville.

Cinq marqueurs forts avaient structuré en 2013, la mise en œuvre de cette semaine scolaire :

1. Des horaires simples et structurants.

L’augmentation du temps périscolaire chaque jour, suppose que les villes décalent les horaires de l’école, en accord avec le Rectorat et après consultation des enseignants et des parents. Après une large concertation, les conseils d’école avaient fait remonter 15 propositions différentes. Nous avions opté pour un choix simple, uniforme sur toute la ville,(mise à part quelques rares situations spécifiques), afin que les enfants et les familles ne soient pas dans la confusion quotidienne. Ainsi toutes les écoles de Grenoble finissent à 16h. Ensuite les parents, les associations et les clubs ou le périscolaire prennent le relai.

2. Une offre périscolaire du soir gratuite.

Afin que le revenu des familles ne soit pas un handicap, tous les enfants grenoblois peuvent profiter gratuitement des activités périscolaires du soir, de 16h à 17h 30 :  récréative et de l’accompagnement scolaire (les études).

3. La diminution de moitié des taux d’encadrement des activités périscolaires.

En effet pour commencer à mettre de la qualité, il faut d’abord diminuer le nombre d’enfants par animateurs. Jusqu’en Septembre 2013, un animateur était chargé de 25 enfants à la cantine comme le soir. Ce taux a été considérablement réduit : 1 animateur / 14 enfants en maternelle et de 1 animateur / 18 enfants en élémentaire.
Imaginons un instant, qu’un tel effort concerne le système scolaire…

4. La mise en place d’animateurs référents.

L’augmentation des temps périscolaires (entre 3 et 5h par jour) nécessitait un autre rapport entre la ville, l’école et les équipes d’animateurs et les enseignants. Des postes d’ « animateur référent » ont été créés dans chaque école, fonctionnarisés afin d’affirmer leur pérennité, pour encadrer et manager l’équipe ville et faire le lien avec le directeur et les enseignants. Cela a permis d’améliorer l’embauche et la formation des animateurs, en lien avec l’Université et les Fédérations d’éducation populaire, …

5.  Autant d’Atsem que de classe, en maternelle

Les classes des écoles maternelles peuvent accueillir jusqu’à 32 élèves. Les villes doivent mettre à disposition des postes d’Atsem pour les petites sections… mais la nécessité se fait sentir dans tous les niveaux. Nous avions fait le choix d’une Atsem par classe et fixer  l’objectif d’y parvenir en 3 ans. Une mesure attendue par toute la communauté éducative depuis longtemps.

Ces réformes ont été couteuses puisqu’elles ont entrainé une augmentation significative du nombre des personnels de la ville et des animateurs : soit une charge de 3M€ supplémentaires. Mais Grenoble investissait pour l’avenir et pour l’éducation des enfants. Ce n’était que le début d’un processus et d’une démarche qui devait trouver son équilibre au bout de quelques années.

Aujourd’hui la ville de Grenoble se base sur les préconisations faites par l’évaluation externe engagée en décembre 2013. Elle a retenu de cette évaluation 2 constats : « une meilleure prise en compte des enfants en maternelle » et « une meilleure professionnalisation des animateurs » et 3 objectifs : concentrer le périscolaire sur 3H hebdomadaires / prendre en compte spécifiquement les enfants de la maternelle / mieux professionnaliser les animateurs.

La ville a donc pris l’initiative de deux changements majeurs :
1. Une semaine scolaire fractionnée avec des horaires distincts entre maternelle et élémentaire et différente selon les jours de la semaine.
2. Une prise en compte gratuite uniquement des 3h périscolaire « Peillon », les autres activités périscolaires du soir devenant des garderies payantes ( dont les études ?).

Ces deux évolutions proposées me semblent inadaptés pour 2 raisons :

A. Nous avons besoin d’horaires scolaires simples et structurants.
La semaine fractionnée suggérée, se base sur un scénario différencié selon l’âge des enfants : allongement de 3/4h de la pause méridienne pour les écoles maternelles et pour l’élémentaire une fin des classes à 15h une fois sur deux et à 16h30 pour les 2 autres journées, alternativement.
Une telle semaine avec des horaires différents en maternelle et élémentaires handicapera les familles avec plusieurs enfants. Les enseignants, les Atsem et les familles font remonter que cette organisation causera de grosses difficultés pour la sieste et des problèmes de locaux.

Si bien sur le rythme de l’enfant est différent à 4 ans et à 10 ans, c’est plutôt, à notre avis, à l’intérieur de la journée scolaire qu’il faut trouver de nouveaux repères, plutôt que d’instituer des horaires distincts.
D’autre part, finir l’école à 15h une fois sur deux en élémentaire, rajoutera de la confusion inutile à la clarté indispensable de la semaine.
Enfin, finir l’école à 15h rendra le périscolaire du soir quasi obligatoire. En effet peu de parents pourront récupérer leurs enfants à 15h. C’est l’école laïque et républicaine qui est obligatoire, le temps péri scolaire doit lui rester une offre facultative.

Et que penser de l’allongement constant de la journée de l’enfant à l’école, si la ville offre la possibilité d’une garde payante jusqu’à 18h ?

B. Il faut défendre la gratuité du périscolaire.
En mettant l’accent sur les temps périscolaires, la réforme Peillon incitait les villes à prendre en compte l’ensemble des activités « autour » de l’école. Ainsi de nombreuses villes « éducatrices » ont considéré que tous ces moments contribuaient à la réussite éducative des enfants et notamment des plus en difficulté. L’objectif était donc d’améliorer, progressivement, tout autant la pause méridienne que les activités du soir (et non seulement les 3/4h/jour supplémentaires de la réforme). En allant un peu plus loin, on pourrait même espérer que les temps périscolaires puissent devenir de nouveaux territoires d’expérimentation éducative.

La question de la gratuité fait débat. La FCPE « exige la gratuité des activités périscolaires afin qu’aucun enfant n’en soit exclu pour des raisons financières ».

Mais que vont devenir les 6 à 8h périscolaires du soir après l’école ? Quel sera l’ambition des villes en termes de qualité, d’encadrement et d’accès ?
Une tendance lourde, confirmée par les projets actuels de Grenoble, risque de négliger les « autres » activités périscolaires, réduites au statut de garderie payantes avec un taux d’encadrement à la hausse. C’est une régression.
Que feront les familles qui ne veulent ou ne peuvent pas payer à 16h30 ?

Comment distinguer ces divers moments de la journée qui se succéderont (classe, cantine, périscolaire gratuit, périscolaire payant) avec souvent les mêmes adultes, mais dans des postures professionnelles différentes ?

Qu’en sera-t-il de l’objectif affiché de « lutter contre les inégalités sociales » si l’offre périscolaire gratuite du soir est réduite considérablement ?

Il serait regrettable que la contrainte lourde à l’austérité que fait peser sur les villes, la diminution récurrente des dotations de l’État, se fasse au détriment des choix éducatifs. »

Paul Bron

Article du Dauphiné Libéré paru le 4 Novembre 2015

20151104 DL_ Le périscolaire du soir

La pétition d’un groupe de parents de Grenoble : « Pour conserver la gratuité es activités périscolaires du soir »

https://www.change.org/p/elus-de-grenoble-pour-conserver-la-gratuite-des-activit%C3%A9s-p%C3%A9riscolaires-du-soir?recruiter=406550599&utm_source=share_petition&utm_medium=email&utm_campaign=share_email_responsive

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