Un conventionnement sans considération pour l’Éducation Populaire

Lors du Conseil Municipal du 21 Décembre, la majorité grenobloise a proposé un nouveau conventionnement pour 3 ans ( 2016-2018) concernant les associations socio culturelles. Nous reproduisons ici l’intervention de Paul Bron faite au titre de GO.

Vous trouverez ensuite le tableau récapitulatif de l’ensemble des subventions de fonctionnement.

« Ce nouveau conventionnement est bien maigre, car il s’agit en réalité d’un projet bien plus gestionnaire que politique. Cela dit ce n’est pas un non événement financier pour tous puisqu’il génère de la casse et nous y reviendrons.
Saluons tout d’abord le fait que ce budget n’ait pas été baissé par rapport à l’année dernière malgré les difficultés financières de la ville. Il reste important à 4,4M€ même s’il a beaucoup diminué l’année dernière.

Les 2 élus en charge de ce dossier annonçaient dans la presse locale de grands changements. Une remise à plat avec de la transparence et un vrai souci d’équité …. Mais les effets d’annonce sont parfois plus importants que l’action elle-même…
Passons sur le mode dit « participatif » prôné dans la délibération, et sa version associative qui parle plutôt d’un « dialogue de sourd ».. Voyons dans le détail cette fameuse remise à plat .
Premièrement vous maintenez le principe des conventions d’objectifs avec les associations socio culturelles. Tant mieux, certains craignaient une municipalisation de l’accueil de loisirs qui porterait un coup mortel à la dynamique associative.

Puis vous précisez les grands axes du financement :
Un financement lié au quantitatif c’est-à-dire au nombre d’heures/enfants déclarées. Nous avions introduit en 2009 cette mesure car la part de fréquentation des équipements n’était pas assez prise en compte. Nous l’avions évaluée à 15%, vous la passez à 30% en 2016. C’était une évolution à laquelle le service « éducation jeunesse » de la ville était très attaché. Mais malheureusement, vous vous êtes engouffré dans cette piste, avec tous les dégâts qu’elle engendre et apparemment sans beaucoup de réflexions

En effet, Il y a 2 limites à ce type d’arbitrage.

1. Le financement lié au quantitatif favorise logiquement les maisons de l’enfance plus portées sur les activités d’accueil des enfants, aux dépends des MJC ou Maisons pour tous, qui ont un public plus varié. Ainsi votre décision a des conséquences très violente pour certaines MJC :  MJC Cordée : – 49700€,  MJC Parmentier : – 45200€ ,  MDH Chorrier Berriat : – 23500€,  MJC Abbaye : – 9000€,  MJC Eaux Claires : – 7000€.

Vous mettez certaines associations au bord du dépôt de bilan. Elles vous ont fait savoir leurs désaccord, elles parlent même, je les cite : « de déni total de la réalité » de votre part, alors s’il vous plait, évitez de parler de co construction ou de dialogue de qualité. Et cela m’amène à ma 2eme limite.

2. La plupart de ces associations (MJC-MDH) s’occupent aussi de l’animation culturelle, sociale, éducative du quartier. Elles sont souvent garantes d’un vivre ensemble qui croise une diversité de publics et de générations. C’est bien grâce à ce type d’activités que l’on peut qualifier ces associations d’éducation populaire. C’est ce que vous a renvoyé l’une d’elles en optant pour une « semaine morte ».

Un vrai choix politique aurait consisté à identifier ces activités comme spécifiques avec un budget dédié. Ce n’est pas le cas. Vous avez ici manqué l’occasion d’appliquer plusieurs de vos engagements N°26, 30 et 108 pour dynamiser l’éducation populaire et construire une ville co éducatrice avec les associations. En effet :

– Comment vont-elles s’insérer dans les parcours éducatifs des enfants,
– Quel sera leur contribution à la politique culturelle et aux pratiques amateurs ?
– Comment se défini leur investissement dans le cadre des activités éducatives périscolaires,

– Que devient leur partenariat avec les écoles et l’éducation nationale.
Pas de transparence ou manque de vision politique ?
Cette étape aurait constituée pour moi, le 2eme étage de la fusée après la mise en orbite du périscolaire. C’est dommage mais votre projet manque vraiment de souffle politique.

Deuxième axe, la capacité contributive des familles : En 2009 nous avions en effet pris en considération la capacité sociale des familles d’assumer le coût des activités de loisirs. Pour favoriser la mobilité, éviter de stigmatiser des équipements situés dans les quartiers en politique de la ville, mais valoriser leur investissement en direction des familles modestes, il nous a paru plus astucieux de calculer le quotient médian des familles qui fréquentent les activités et de donner une sorte de bonus aux associations qu’elles fréquentent. Je constate que vous prolonger ce mode de calcul.

– Ces 2 éléments constituent la base du calcul de la subvention de fonctionnement, que vous revisitez. Quel est donc le résultat au bout du compte : 8 associations voient leur subvention baisser, il s’agit essentiellement des MJC. 12 associations voient leur subventions augmenter. Ces changements pourraient apparaitre comme décisifs effectivement. Mais écoutez moi bien, lorsqu’on les traduits financièrement, on constate qu’ils portent seulement sur 200 000€. Ainsi la fameuse remise à plat globale concerne 200 000€ sur 4,4M€ soit moins de 5% (4,8%). On est bien loin des grands changements annoncés.

Aussi parce que ce projet manque de souffle politique, parce qu’il ne prend pas en compte la dimension d’éducation populaire des associations socio culturelles, parce qu’il met en péril plusieurs associations, nous voterons contre cette délibération. »

Subventions au secteur socio culturel