Les éducateurs de rue de Grenoble menacés par la baisse du budget du CD38
Depuis son arrivée à la tête du Conseil Départemental de l’Isère, la majorité de droite annonce qu’elle limitera strictement son action à ce que lui demande l’État. En matière d’accompagnement social des quartiers, le Département recentre donc ses activités sur les secteurs identifiés par la Politique de la Ville
Or le quartier Saint-Bruno ne fait pas partie des quartiers prioritaires. Appartenant au Secteur 1 il regroupe des habitants qui vont de « l’ingénieur du CEA au sans-papiers ». Du coup, le niveau de vie moyen est globalement plus élevé qu’ailleurs.
Les choix financiers du CD ont pour conséquence de baisser de 11% le budget de 5 associations de Prévention, dont le Codase qui intervient à Saint-Bruno. Le public accompagné doit aussi changer. Priorité est donnée aux mineurs, à la lutte contre le décrochage scolaire, la prévention de la radicalisation et la mise au travail des jeunes par les chantiers éducatifs.
Soit en conséquence, la suppression de deux ETP pour le Codase, qui a jusqu’à fin Mars pour quitter le quartier
Une pétition est en ligne. Un rassemblement citoyen est aussi prévu le 27 janvier sur le parvis du collège Fantin Latour.
Il faut dire que cette situation fait suite à d’autres problèmes rencontrés dans les structures sociales de ce quartier. La Maison Des Habitants a dû aussi s’adapter à la baisse des subventions municipales : 36 heures supprimées qui servaient à gérer le centre de loisirs, le lieu d’accueil parents/enfants, le jardin partagé, l’accompagnement des projets des habitants…
La MJC Parmentier, perd elle aussi 70.000 euros sur 2014-16 pour un budget de 600.000. Elle s’interroge sur son l’avenir.
C’est de ce contexte de « crise » du soutien aux personnes en difficulté que les habitants de Saint-Bruno se sont aujourd’hui mobilisés.
Les missions de la prévention doivent pouvoir s’exercer partout. Si biensur les quartiers politique de la ville concentrent des habitants aux fragilités sociales et économiques plus grandes, il n’en demeure pas moins que dans d’autres quartiers, des jeunes et moins jeunes ont besoin d’écoute et d’accompagnement. Le centre ville par exemple recueille un public nombreux rencontrant de grosses difficultés d’insertion sociale et professionnelle. Le travail du CoDASE est important et indispensable. Mon parcours d’éducation spé m’a amené à travailler régulièrement avec les éduc de rue. Je connais leurs compétences et leur implication. Les contraintes budgétaires des collectivités obligent certes à faire des choix. Le CD se positionne clairement dans le soutien au dév éco (qui n’est pas une compétence obligatoire) et choisi son désengagement dans certains champs du social. Le signe est fort contestable et préjudiciable pour les jeunes fragilisés, qui « non soutenus » vont s’inscrire plus durablement dans l’exclusion. N’oublions pas que le soutien à notre jeunesse, c’est aussi travailler pour l’avenir, la dynamique d’un territoire, et donc de fait aussi son développement économique !