Du « pessimisme social » à l’optimisme citoyen

Pour notre présence, en tant que telle, aux élections municipales.

La soirée du 22 juin avec Zaki Laïdi et Gérard Grunberg consacrée à la question de « l’identité de la gauche et à sa refondation » a permis de conforter le sens de notre démarche, c’est du moins la leçon que j’en retire.
La place de Grenoble-citoyenneté dans le panorama politique local a encore une raison d’être. Si je devais distinguer trois axes de la refondation de la Gauche, à la lumière des propos de Zaki Laïdi et de Gérard Grunberg, j’en distinguerais trois qui nous concernent en particulier, dans la préparation de notre présence aux élections municipales.

1 — « Un parti politique n’a pas vocation à transformer la société ».

Cette affirmation de nos deux auteurs peut certes surprendre ou choquer ceux qui continuent de penser à la nécessité d’un parti d’avant-garde ou d’un parti qui produirait un programme proposant une rupture avec le régime précédent — dans les cent jours, après la prise du pouvoir, comme le voulait Chevènement en 1981.

Les transformations des comportements individuels et collectifs ; des modes de production et de consommation des objets industriels ; des formes culturelles et leur réception viennent des acteurs sociaux et non des programmes ou des mots d’ordre des partis.
Cette affirmation ne rend ni caduque ni inutile l’existence des partis et des mouvements politiques. Au contraire. À Grenoble- citoyenneté, nous pensons que l’organisation, le parti ou le mouvement politiques ont leurs nécessités : ils doivent fixer des objectifs pour la gestion des institutions politiques ; veiller à définir l’intérêt général, mais aussi être attentifs à donner une expression aux intérêts de ceux qui individuellement ou collectivement sont exclus ou à la marge des lieux de décision.

C’est pourquoi, nous pensons qu’il faut développer les lieux de concertation et d’élaboration collective avec ceux qui sont les premiers concernés. Pour nous la démocratie participative est à approfondir dans l’espace local : elle n’est qu’un moyen pour mieux accompagner et éclairer les décisions des élus.
Cette dimension de démocratie participative n’existe pas dans l’espace de la communauté d’agglomération qui demeure une assemblée de maires. Nous voulons à la fois élargir les compétences de l’agglomération, dans la mesure où un grand nombre d’enjeux (urbanisme, déplacements, culture…) se situent dans cet espace territorial, et mettre en place des dispositifs où les décisions ne sont pas prises en fonction d’une logique de guichet dans laquelle les communes négocient leurs demandes.

 

Du « pessimisme social » à l’optimisme citoyen

2 — Abandonner la conception de « la gauche comme anti-droite»

Nous continuons à nous définir comme appartenant à la Gauche. Mais cette appartenance ne détermine pas tous nos choix. En premier lieu, parce que cette distinction n’est plus pertinente, aujourd’hui, sur l’ensemble des questions sociétales : ainsi de la laïcité, de la culture, de l’organisation de la recherche ou encore de la place de la personne dans l’organisation collective…
En second lieu, parce qu’un grand nombre de choix ou de décisions ne sont pas déterminées par un corps de doctrine, serait-il de droite ou de gauche. Ces choix, au plan du local, doivent être élaborés en fonction d’une compréhension de la réalité, des attentes des citoyens, des possibilités de réalisation dans une participation de plus en plus approfondie avec les citoyens. Outre les processus de démocratie participative qu’il faut inventer, les élus, doivent à notre sens être les accompagnateurs de cette dynamique.

Voilà pourquoi nous souhaitons limiter les mandats et en particulier faire du mandat parlementaire un mandat unique. Comment concevoir qu’un élu au Parlement quelles que soient ces qualités, puisse également exercer une responsabilité exécutive au plan local ? Sinon à confier une partie de sa mission à son entourage (cabinet ou administration) qui n’est responsable que devant l’élu et non devant l’électeur.

3 — Inscrire la « politique de la vie » dans la Politique

Comme le rappellent nos deux auteurs, plus que jamais, « notre rapport au monde se construit beaucoup plus à partir des expériences que l’on vit ou que l’on fait que par rapport à une idéologie ». Les partis, qu’ils soient de gauche ou de droite, n’ont pas intégré cette évidence qui est du ressort d’un humanisme qui ne méconnaîtrait pas l’importance des circonstances et des situations sociales dans l’épanouissement et l’autonomie des individus. La reconnaissance de cette dimension du politique est fondamentale sur le plan local. Elle oblige à reconsidérer les politiques culturelles qui ne peuvent plus privilégier le médiatique, le spectaculaire et l’événementiel. La culture doit être replacée au centre du Vivre-ensemble. Elle doit être conçue, dans sa dimension artistique, en relation étroite avec l’éducation et la formation de la personne.

Le Vivre-ensemble doit redevenir un projet de reconstruction publique qui doit fixer un horizon non seulement acceptable par tous mais construit avec chacun. Le Vivre-ensemble est une question au présent : elle est la construction, ici et maintenant, d’un projet de société.

Sur le plan local, nous voulons participer à sa concrétisation. Comment le faire sinon en mobilisant des forces qui partagent cette ambition ? Comment le faire autrement qu’en s’inscrivant dans l’échéance municipale sur ces valeurs et sur cette orientation ?

Jean Caune
Conseiller municipal