DES OBSERVATOIRES LOCAUX POUR LA VIE ASSOCIATIVE

Le réseau national des Maisons des associations (RMNA) vient d’organiser (12 décembre 2007, à la Maison des associations de solidarité -MAS- du 13ème arrondissement de Paris), un séminaire sur les raisons d’observer la vie associative locale.
Il ne s’agissait pas de « redresser » ou de « valoriser » l’image, diabolique ou angélique, qu’à parfois la vie associative, mais simplement de l’observer scientifiquement, afin que cet exercice d’évaluation puisse être partagé aussi bien par les responsables associatifs que par les élus.
Tous les jours des associations se créent (70 000 par an en France) pour un total repéré de 1 100 000 associations (1/57 habitants).
A Grenoble, comme dans d’autres ville, la dynamique associative est plus importante que cette moyenne nationale, avec 2900 associations repérées, et 1association pour 53 habitants.

 


Enjeux de l’observation

DES OBSERVATOIRES LOCAUX POUR LA VIE ASSOCIATIVE
Le fait associatif se définit par la mise en commun de personnes qui veulent réaliser et partager la production d’un « bien commun ». Cette dynamique associative est essentielle pour mesurer la performance démocratique et une société.
Elle permet de mesurer la réussite pour le développement de projets économiques partagés.
On peut, à cet égard, distinguer deux catégories d’élus : ceux qui souhaitent améliorer la qualité de vie démocratique en organisant le débat entre les citoyens et les pouvoirs par le filtre associatif, et ceux qui auréolés du suffrage universel estiment qu’il peuvent directement dialoguer avec les habitants. Les élus de GO – Citoyenneté se rangent délibérément dans la première catégorie.
Il est clair que le regard sur le fait associatif parle beaucoup de territoire et en dit long sur la relation entre les habitants et les élus. Les élus ont donc besoin de faire émerger et d’appréhender une meilleure connaissance des réalités associatives.
Les Maisons des associations, qu’elles soient de statut associatif, municipal, ou mixte sont au cœur de la vie associative locale. Pôles de ressources, espaces de valorisation des réalisations associatives, elles peuvent être l’endroit de l’observation associative locale.

Que peut – on observer, et qu’observe t – on ?

DES OBSERVATOIRES LOCAUX POUR LA VIE ASSOCIATIVE
La collecte des connaissances associatives présente plusieurs intérêts :
-Elle fournit aux acteurs locaux les outils et les moyens de réaction nécessaires aux prises de
décision et à la compréhension des mutations en cours, et des changements à venir ;
-Elle permet la mise en œuvre de politiques locales mieux ajustées ;
-Elle permet de mieux cerner les besoins associatifs et de nourrir leur projet
Il est nécessaire, pour cela, de construire une démarche commune d’observation qui ne se limite pas à une perception intuitive ou même pragmatique. Cette démarche, rigoureuse et scientifique, ne peut se limiter à quelques données quantitatives, mais doit permettre de mesurer aussi l’utilité sociale et collective des associations.
La Fonda, le laboratoire Matisse du CNRS, les nombreuses universités françaises, peuvent apporter cet accompagnement méthodologique et la rigueur, sans lesquelles une démarche d’observation pourrait – être contestable et contestée.

Premières observations

DES OBSERVATOIRES LOCAUX POUR LA VIE ASSOCIATIVE

On observe d’ores et déjà un paysage associatif, de près de 20 millions d’adhérents, dont le chiffre d’affaire, est évalué à près de 60 milliards d’Euros, un nombre d’emplois de plus de 1 million ETP, d’autant de bénévoles, de 1 100 000 structures dont le budget annuel s’accroît, avec 2,5 %, sensiblement plus que le PIB national (1 717,9 milliards d’Euros).
Malgré le boom associatif, (70 000 créations d’associations par an en France), les données statistiques dont nous disposons montrent que l’âge, le niveau culturel des adhérents se sont accrus au détriment des catégories qui participent le moins à la vie des institutions politiques.
Les jeunes, les classes populaires, sont tout aussi éloignées de la démocratie associative que des formes plus conventionnelles de démocratie.
Le secteur associatif n’est pas l’envers espéré du système institué. Il le renforce.
L’adhésion a augmenté dans les clubs sportifs (de 15 à 18 %), et dans le secteur humanitaire ( de 2 à 4 %), mais il a chuté dans les syndicats et les groupements professionnels ( de 14 à 8 %) et dans les associations de parents d’élèves (de 12 à 8 %).
Ces quelques chiffres mettent en évidence l’évolution d’un engagement qui recherche davantage l’accomplissement individuel, que celui de l’idéal collectif.
Globalement, la ségrégation sociale reste forte dans le monde associatif, sauf pour les sexagénaires qui deviennent hégémoniques et qui s’engagent presque vers une « seconde carrière « .
Il faut continuer ces observations, qui sont révélatrices de l’état de notre société.
Il faut installer dans chaque maison des associations de tels observatoires pour analyser en finesse la dynamique associative de nos villes.

Cécil Guitart