Entre « Grenoble qui gagne et Grenoble qui souffre », comment ne pas creuser les écarts ?

Intervention de GO en 2010, en Conseil Municipal

 


Entre "Grenoble qui gagne et Grenoble qui souffre",  comment ne pas creuser les écarts ?
Une intervention de Paul Bron pour le groupe » GO Citoyenneté », qui est toujours d’actualité, à l’heure d’un changement de majorité municipale »La présentation du budget de la ville, est l’occasion chaque année, de se poser ou de se reposer des questions majeures en termes de choix stratégiques et d’orientations politiques.

Nous avons à ce sujet plusieurs inquiétudes que nous présenterons autour de 2 questions :

1. Entre « Grenoble qui gagne et Grenoble qui souffre »,
comment ne pas creuser les écarts ?

Nous souhaitons alerter notre CM sur les pièges qui consistent à mettre trop en avant ceux qui gagnent, à mettre en avant la promotion individuelle, le fait de rejoindre les élites, notamment à travers la politique dite « de l’égalité des chances « .
Certes c’est un progrès de reconnaitre que les talents et les mérites individuels, ne dépendent plus de l’hérédité sociale ou de la naissance. La droite et la gauche, partagent les mêmes convictions qu’il va de soi qu’il faut se battre contre toutes les discriminations sociales, scolaires, professionnelles, sexuelles.
Mais le principe louable de l’égalité des chances qui fait consensus aujourd’hui, et qui indispensable, n’entraine-t-il pas d’autres injustices dont il faut prendre garde ?

Les politiques d’égalité des chances ont les yeux rivés sur les élites.
Nous sommes plus sensibles à la diversité dans les grandes écoles qu’à la diversité dans la grande distribution ou les travaux publics.
Nous faisons comme si l’accès de minorités sociales et culturelles méritantes à l’élite allait changer l’ordre des choses.
Hors il ne s’agit que d’une illusion. Plus les diplômes déterminent les parcours professionnels et la réussite, plus ils accentuent la compétition et creusent les différences scolaires qui feront les grandes différences sociales.
Au nom de l’égalité des chances et du mérite, on finit par accepter de vivre dans une société de plus en plus inégalitaire.

Il est plus facile de dégager une élite que d’améliorer le sort des perdants. Il est plus facile de distinguer quelques meilleurs que de promouvoir les plus faibles. Aujourd’hui il semble plus facile de promettre aux enfants des classes populaires et aux enfants d’ouvriers, qu’ils échapperont à leur destin social s’ils le méritent, que d’améliorer les conditions de vie et de travail de ces familles.

A Grenoble gardons nous de mettre trop en avant, le « Grenoble qui gagne » à travers les pôles de compétitivité, la haute technologie, les hautes filières scientifiques … alors que nous savons que les écarts se creusent irrémédiablement avec le « Grenoble qui subit et qui souffre ».

C’est pourquoi, GO Citoyenneté souscrit pleinement à l’objectif du principe du « vivre ensemble ». Mais il nous faut tenir un fil rouge du « vivre ensemble », qui passe en priorité par le renforcement de notre politique de solidarité :

– Le champ de la solidarité concerne bien sur, l’accompagnement social, à travers le plan d’action du CCAS et l’insertion par l’emploi pour les publics prioritaires,
mais il s’agit aussi :
– D’affirmer notre politique de participation des habitants, de tous les habitants en leur donnant les moyens de comprendre et de s’interroger, par l’application obstinée et volontariste de la charte de la démocratie locale.
– De développer une politique d’habitat et d’usage du logement, inscrite dans son environnement et maintenant un taux ambitieux de logement social
– De soutenir notre politique éducative et de faire de la réussite scolaire et éducative une chance pour tous et un levier de réduction des inégalités. Et de maintenir, voir de renforcer les moyens du plan école de maintenance des bâtiments scolaires.
– De s’appuyer sur les associations qui conservent une capacité de création et d’intelligence sociale indispensables à une politique municipale.
– De développer plus encore, les pratiques culturelles et sportives de proximité, le soutien aux clubs sportifs de quartier et aux initiatives culturelles amateurs.
– …Et de maintenir un haut niveau de service public municipal, pour accompagner, encourager et faciliter ces évolutions.

2. Peut-on « bien vivre » dans une ville durable ?

Comment est il possible de concilier des objectifs aussi différents que favoriser la sauvegarde de la planète, faciliter un emploi pour tous, et permettre une vie meilleure plus égalitaire ?
Comment concilier les mesures à prendre contre les menaces de réchauffement climatique et la lutte contre les inégalités ?
Nous savons qu’il faut « penser global et agir local ». L’action locale repose en partie sur nos décisions municipales, sur notre capacité à mettre en œuvre une politique publique de développement durable qui traite tout à la fois, des dimensions sociales, environnementales, éducatives, culturelles, démocratiques.

Notre commune s’est engagée dans un processus de développement de grande envergure qui redéfini le schéma de développement de la ville pour une vingtaine d’années.
Si les choix proposés concourent au développement harmonieux de la ville, nous nous posons la question de savoir si nous avons la capacité de mener de front l’ensemble de nos engagements, … avec autant de détermination en matière d’urbanisme que de solidarité.
Notre politique de développement local liée aux grands projets d’urbanisme ne va-t-elle pas prendre le pas, sur notre engagement solidaire, comme cela a été trop souvent le cas dans les différentes politiques de la ville misent en œuvre par l’État ?
Notre capacité d’investissement sera-t-elle à la hauteur des enjeux ?

Sans remettre en cause les principes des choix de la ville et de la métro sur les pôles de compétitivité, nous souhaitons que le débat puisse avoir lieu au sein du CM ou des conseils communautaires pour mieux comprendre ce que l’on fabrique ensemble pour l’avenir.

Nous réaffirmons nos interrogations éthiques et morales sur les finalités des nanotechnologies. Quelles instances de régulation sont mises en place pour vérifier leur pertinence et leur aspect inoffensif

Tout en restant solidaire des principales orientations déterminées au sein de la majorité municipale, notre groupe s’interroge globalement sur la capacité de notre ville à poursuivre et gérer l’ensemble des objectifs ambitieux qu’elle s’est fixés dans un contexte local, national et international ou l’on n’y voit pas très clair sur l’avenir : incertitude quant au devenir de la politique de la ville, doute sur la redistribution des taxes ..; transfert de certaines missions de l’État aux collectivités locales..

Il réaffirme son engagement et sa détermination pour une politique de solidarité et de partage, qui associe le plus possible les habitants de Grenoble aux décisions qui concerne leur avenir.