Compte rendu de la conférence de presse suite à la rafle sur les livreurs place Victor Hugo

Le 27 décembre, une opération de police visant le contrôle des livreurs à vélo a été organisée en Isère. De toute évidence, se déroulant simultanément à Grenoble, Voiron, Bourgoin-Jallieu et Vienne, ces contrôles ont été décidés en haut lieu et mis en place par les services préfectoraux et les procureurs de Grenoble et Bourgoin.

À Grenoble, la place Victor Hugo a été totalement bouclée par des camions de police et tous les livreurs pris dans la « nasse » ont été contrôlés. Plusieurs d’entre eux ont été menottés et 10 ont été arrêtés. 4 ont été conduits à Lyon et 6 à l’hôtel de police de Grenoble, sans qu’ils aient pu obtenir d’explications. Les vélos, principaux outils de travail, ont été confisqués.

À l’initiative de la section syndicale CGT des livreurs et de leur association ADALI, avec le soutien des collectifs Migrants en Isère et CISEM, une conférence de presse a été organisée le vendredi 29, conférence qui a réuni un public nombreux et à laquelle nous avons assisté.

Des livreurs relâchés ou non arrêtés ont livré de poignants témoignages. Certains ont reçu une OQTF (Obligation à quitter le territoire français) et/ou, plus grave, une IRTF (Interdiction de retour sur le territoire français) dont des chefs de famille avec enfants en France. Il est connu de tout un chacun que beaucoup de ces livreurs sont « sans-papiers » mais lors de leurs prises de paroles ils ont souligné avec force qu’ils rendent un service dans des conditions difficiles (météo, risques d’accident…) pour de faibles revenus. Ils n’ont eu de cesse de proclamer qu’ils ne sont pas délinquants et d’ailleurs ni drogue, ni le moindre couteau ont été trouvés dans leurs bagages… Sans papier, ils ne peuvent être accrédités par les donneurs d’ordre et sont pour la plupart sous la tutelle d’auto-entrepreneurs qui prélèvent un pourcentage de leurs revenus.

Désormais, tous les livreurs vont travailler dans la peur et certains ne savent toujours pas comment récupérer leur vélo. Leur souhait le plus cher, c’est tout simplement de pouvoir travailler dans la dignité sans la peur permanente du contrôle.

Certes, on peut, comme le procureur de Grenoble, constater que cette opération de contrôle a permis de percevoir l’ampleur de l’exploitation dont sont victimes ces migrants, ce qui était de fait connu de tous. Mais il est quand même effroyable que pour s’attaquer à ce phénomène, la puissance publique s’en prenne avec une telle violence aux exploités.

Est-ce le signe d’une application anticipée de la loi immigration votée par le Parlement avant même les conclusions du Conseil Constitutionnel ?

quelques liens vers des articles de presse

https://www.ledauphine.com/societe/2023/12/29/isere-livreurs-a-velo-arretes-nous-ne-sommes-pas-des-delinquants

https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/livreurs-arretes-a-grenoble-je-n-avais-jamais-vecu-ca-raconte-roger-l-un-des-interpelles-7000607

https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/isere/grenoble/on-livre-des-pizzas-pas-de-la-drogue-dix-livreurs-sans-papiers-arretes-en-isere-la-cgt-parle-de-rafle-2897168.html

https://www.placegrenet.fr/2023/12/29/grenoble-levee-de-boucliers-apres-larrestation-dune-dizaine-d-etrangers-livreurs-de-repas-en-situation-irreguliere/621187