Grenoble : vous ne pouvez pas passer en force M. le Maire
Nous reproduisons ici l’intervention de Paul Bron, lors du Conseil Municipal du 20 Juin 2016 portant sur le plan de « sauvegarde des services publics » proposé par la majorité. Ce plan important pour la ville, n’a pas fait l’objet encore d’un passage en CM, pourtant des fermetures seront opérationnelles cet été. C’est la raison pour laquelle les oppositions ont saisi la délibération sur le compte administratif 2015, pour en débattre malgré tout.
L’intervention était relativement spontanée, en voici les principaux extraits :
« Ce soir nous pouvons faire 2 constats :
Nous partageons ensemble: que la situation financière est grave
Mais aussi que le débat politique est bloqué,,, et même parfois désespérant et pourtant ce soir nous avons entendu quelques ouvertures que je voudrait reprendre, car il faut les prendre en compte
….Je tiens quand meme auparavant à faire une remarque concernant votre « plan de sauvegarde ». Celui ci prévoit de supprimer 3 bibliothèques, 2 centres sociaux et de diminuer la voilure du service de santé scolaire. Vous rendez vous compte que vous touchez à la fois à la transmission éducative que représente une bibliothèque et que vous stigmatiser particulièrement les quartiers populaires de la ville…
… Nous évoquions il y a quelques années la problématique française des « Territoires perdus de la république» qui insiste sur le fait que petit à petit les quartiers populaires se vident de leurs équipements, la république recule, s’enfuit. … prenez garde à ne pas contribuer à ce phénomène en supprimant plusieurs équipements dans les quartiers populaires….
..Le décrochage des services municipaux qu’entraine ce plan, n’est pas acceptable car ceux-ci constituent le dernier amortisseur social pour les publics les plus fragiles. Si la situation est grave, elle l’est surtout pour les grenoblois les plus en difficulté, et ce sont ces grenoblois qui vont en subir en premier, les conséquences.
Argumenter de vouloir envoyer les lecteurs du Village Olympique sur la Villeneuve alors que ce quartier se paupérise, ce n’est pas une bonne façon d’arranger les choses. Nous dire qu’il n’y a pas assez d’abonnés à la bibliothèque est seulement un calcul comptable qui ne prend pas en compte toutes les relations, le vivre ensemble et le lien social que génèrent cet équipement.
Regardez bien votre plan de sauvegarde aussi à l’aune de ce genre de choses et pas seulement en comptabilisant des économies à faire. La problématique est la même pour les autres équipements, comme par exemple le Centre social de Bajatière.
Je pense que ce plan marque, d’une certaine façon, la fin des années Dubedout, la fin d’un certaine qualité des services publics , la fin d’un engagement municipal fort depuis de nombreuses années à Grenoble.
… Vous le constatez encore ce soir, l’opposition à votre plan est forte dans la ville, pas seulement des oppositions politiques et des syndicats mais les grenoblois eux mème sont choqués et parmi votre majorité j’ai cru comprendre qu’une partie du parti de gauche demandait un moratoire…
…Vous ne pourrez pas vous sortir de l’impact symbolique désastreux de la fermeture de 3 bibliothèques. Les symboles sont importants pour vous on l’a vu avec la suppression des panneaux de pub…
…Vous ne pourrez pas passer en force, même avec vos propres électeurs qui ne l’accepteront pas. Vous devez avoir la sagesse d’entendre toutes ces voix qui s’élèvent. Et ce ne sont pas comme certains d’entre vous le croit trop souvent des résistances au changement
Et SVP si vous pouviez éviter de transposer le débat politique national a Grenoble c’est très désagréable pour tous les grenoblois
…Nous avons beaucoup entendu le mot de « mensonge ». En politique c’est vrai il y a aussi beaucoup d’hypocrisie mais je crois que chacun a insisté aussi ce soir sur le fait que c’est pour les grenoblois que nous sommes la et notamment pour les grenoblois les plus fragiles.
Je trouve que le débat a quand même été digne . Les oppositions vont font des propositions, elles font même et cela est très responsable et positif, une offre de travail en commun. Pourquoi vous ne nous écoutez pas ?
Ils font des propositions qui ne vont pas forcément dans votre sens mais qui font partie du bien commun de la maison commune de Grenoble. Vous avez beau nous donner toutes les explications financières que vous voulez, dire c’est la faute de l’État et d’autres avant vous, ce n’est plus entendable !
On ne peut pas manifester dans la rue contre l’austérité au niveau national et la pratiquer à la ville, il y a quelque chose qui ne passe pas.
Au titre de GO Citoyenneté je vous avais proposé, la semaine dernière, un pacte d’entente municipal que vous avez rejeté négligemment.
Lorsque la situation est bloquée il faut savoir faire un pas de côté et travailler ensemble pour la commune.
….Les habitants ont certainement aussi des idées, les Unions de Quartiers, les CCI et toutes les autres associations d’habitants… d’autres pistes sont possibles..
…Vous nous proposez un espace de travail mais uniquement à partir du cadre que vous avez fixé. Ce n’est pas possible ainsi. Au préalable, Nous avons besoin de 3 étapes :
– 1. d’abord un diagnostic : comprendre la situation économique de la ville. Et il serait sain qu’un organisme extérieur puisse faire une analyse de la situation financière. …
– 2. Il faut que vous chiffriez le plan de sauvegarde. En effet à quoi correspondent ces coupes, la fermetures des bibliothèques, des centres sociaux, nous ne le savons pas, c’est pourtant indispensable pour évaluer l’opportunité de ces mesures.
– 3. Enfin il faut se mettre autour de la table. Certains proposent un moratoire. Nous pensons qu’un dialogue doit reposer sur des propositions alternatives de chaque groupe politique et sur des choix concertés avec les associations d’habitants. C’est la raison de notre proposition de Pacte d’Entente Municipale sur 6 mois que nous réaffirmons, s’il en est encore besoin…..Pour aboutir si possible a un projet partagé pour Grenoble pour le prochain budget 2017. »