Les municipales : CARIGNON , le retour !

L’annonce de la candidature d’Alain Carignon aux élections législatives et aux prochaines élections municipales de Grenoble n’est pas la candidature ordinaire d’un homme politique qui tente de retrouver un mandat.
Ancien maire de la ville, élu en 1983, il avait été reconnu coupable de « corruption et abus de biens sociaux », en 1996 et condamné à vingt-neuf mois de prison.Faut-il rappeler que sa condamnation n’est pas du même ordre que celle des dirigeants politiques condamnés pour le financement privé de leur parti politique ?

Carignon a été condamné pour corruption, c’est-à-dire enrichissement personnel:

« Il n’a pas hésité à trahir la confiance que ses électeurs lui manifestaient, en monnayant le pouvoir qu’il tenait du suffrage universel, afin de bénéficier d’avantages matériels qui se sont élevés à 2 907 683 euros et de satisfaire ses ambitions personnelles.» (Cour d’appel de Lyon du 09/07/1996).

Certes, comme on dit, Carignon a payé sa dette sur un plan juridique. Il a retrouvé ses droits civils et civiques en 2002. Cela n’efface pas pour autant la réalité de « l’acte le plus grave qui puisse être reproché à un élu » (Cour d’appel de Lyon). Cela ne donne aucune légitimité morale ni aucune caution politique à l‘homme dont les pratiques ont conduit les municipalités qu’il a dirigées (1983-1989 et 1989–1995) à des dérives budgétaires et un endettement considérable qui ont nécessité un redressement durant le mandat de la municipalité conduite par Michel Destot entre 1995 et 2001.

Il faut rappeler aux électeurs qui n’ont pas connu cette période ce que l’image de la ville de Grenoble était devenue durant ces des deux “municipalités Carignon” : mariage du fric et des paillettes ; confusion entre intérêts privés et publics ; dissimulation des procédures de détournement de l’argent public…

S’opposer au retour de Carignon ne relève pas d’un combat politique ordinaire : il ne s’agit pas en l’occurrence d’une opposition à un programme mais d’une attitude éthique, partagée par des élus de bords différents, qui cherche à préserver la dignité de la vie politique.

Voir aussi le blog de Didier Medori : http://didiermedori.blog.lemonde.fr/

Jean Caune