Salut à CHARLES FOURREY

Charles Fourrey était un homme bienveillant. Ses yeux et son regard exprimaient cette disposition du cœur et de l’esprit dans laquelle la personne qui vous aborde ou que vous rencontrez est digne d’attention et a quelque chose à vous dire qui peut être intéressant à un titre ou à un autre. Il y avait dans sa façon d’être une sorte de douceur, de bonté matinée de distance et de malice. Rien de mièvre pour autant dans son attitude et sa relation aux autres.

Dans son métier d’architecte et d’urbaniste il combinait cette manière d’être avec de fortes convictions aussi bien sur la qualité des immeubles à produire ou à réhabiliter (habitat et équipements) que sur leur inscription dans l’espace urbain.

Cela s’est matérialisé notamment dans les opérations d’envergure auxquelles il a œuvré dans les années 70 et 80, aussi bien la transformation du quartier de la rue Très Cloitre à Grenoble que la production de l’ensemble d’habitation des Bèalières à Meylan qu’on disait alors autogéré, qu’on appellerait plutôt aujourd’hui participatif ou coopératif. (Tout récemment encore il participait activement aux rencontres de l’habitat coopératif à Grenoble)

Il a fait preuve des mêmes exigences professionnelles au sein du cabinet d’architectes qu’il a créé avec d’autres collègues dans la dernière partie de sa vie active. Il les portait à la maison de l’architecture dont il était vice président.

Il était attaché à Grenoble, soucieux de la ville et de son évolution, la ville dans sa forme urbaine (cadre bâti et espace public) mais aussi la ville comme ensemble de relations sociales – la ville comme lieu de la politique, où se définit le bien public, à partir du dialogue et des débats entre citoyens attachés à créer les conditions de la vie commune.

D’où son engagement associatif au sein de l’union de quartier Notre Dame et du conseil consultatif de secteur du centre ville, en interaction avec son engagement à GO Citoyenneté qu’il avait rejoint dès les débuts du mouvement, il y a bientôt vingt ans.

Avec discrétion, mesure et fermeté, en compagnie d’autres citoyens, il traçait un chemin pour une ville habitable, conviviale et hospitalière.

Nous avons perdu un bon compagnon.

Jean-Philippe Motte