Vie municipale, associations cultuelles et lieux de culte
Article de Jean Philippe Motte rédigé à l’occasion de la délibération 14 – A013 relative à la « Construction d’un local associatif à l’arlequin » concernant l’implantation de locaux associatifs à finalité cultuelle aux abords de la Galerie de l’Arlequin, à la Villeneuve de Grenoble.
On ne peut que se réjouir de la décision proposée au Conseil municipal qui marque l’aboutissement des longues années de tâtonnements que nous avons connues, à chercher un site d’accueil pour le relogement de la salle de prières des musulmans situés en mezzanine du 50 Galerie de l’Arlequin.
La précédente municipalité avait étudié plusieurs possibilités qui n’avaient pu être réalisées soit pour des raisons techniques, soit pour des raisons de voisinage.
La solution adoptée par la nouvelle équipe municipale, certes coûteuse, a le mérite d’être faisable dans des délais rapides (dès cette année). Or il y a urgence puisque le relogement de la salle de prières conditionne le bon déroulement des travaux de réhabilitation et de restructuration de l’immeuble du 50, qui font partie de la convention signée avec l’ANRU en 2008 (1ère tranche).
Par ailleurs le choix d’une construction à la fois légère et de qualité permet de ménager l’avenir. On peut imaginer une évolution dans les années qui viennent, allant vers une recomposition des lieux de prières situés dans le territoire de la Villeneuve et permettant alors un autre usage des locaux qui vont être créés, voire leur déplacement ailleurs dans la ville en fonction des besoins.
Sur le fond, il est bon de souligner que cette délibération s’inscrit dans la lettre et dans l’esprit de la loi de 1905 relative à la séparation des Églises et de l’État qui définit ce qu’on appelle « la laïcité à la française » si débattue aujourd’hui.
Ce faisant, elle poursuit la démarche que nous avions nous-mêmes engagée lors des précédents mandats, visant à répondre favorablement à la demande des associations cultuelles-culturelles musulmanes, de disposer de locaux où elles puissent pratiquer leur culte et se rencontrer dans des conditions de dignité, de salubrité et de sécurité civile suffisantes.
Cela s’est fait moyennant le paiement d’une redevance annuelle signifiant leur obligation financière liée à l’utilisation de locaux publics et dans le cadre de conventions soumises au Conseil municipal. C’est ainsi que nous avons agi à Teisseire, à Mistral, à Très Cloitres , à la Villeneuve.
Rappelons que la loi de 1905 stipule dans son premier article : « la République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes ». Et dans son article 2 : « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. »
Si cette loi établit la séparation et l’indépendance du politique et du religieux, et le rejet de toute domination des Églises et des Clercs sur l’État et la société civile, elle souligne en même temps la liberté de pensée, de conscience et de culte et l’égalité entre les différentes religions. C’est une loi élaborée en vue de favoriser la paix civile, dans le respect de la diversité des opinions et des convictions (du moment qu’elles ne troublent pas l’ordre public), au regard desquelles, l’État, le Service public sont neutres.
C’est bien en nous inscrivant dans cette ligne et dans la tradition de dialogues et de débats qui la caractérise – une laïcité nourrie à la fois d’esprit critique et d’ouverture aux différentes composantes de la société, « une laïcité inclusive » qui promeut la vie commune – que nous devons continuer à agir.
La Collectivité locale et son expression politique – le Maire, la Municipalité, le Conseil municipal – sont dans leur rôle et leur responsabilité en dialoguant avec les associations à caractère religieux et singulièrement aujourd’hui celles dans lesquelles se regroupent les croyants musulmans, et en faisant droit à leurs requêtes, dans le respect des lois de la République et de leur jurisprudence.
Il y a là tout un travail de reconnaissance sociale et d’intelligence collective auquel les citoyens, quelles que soient leur origine et leur conviction doivent pouvoir participer à travers des dialogues publics, des rencontres associatives ou tout autre forme d’échanges – où les élus politiques locaux doivent prendre toute leur place. Il y va de la qualité de notre vie commune.
Jean Philippe Motte
Ces propos ont été repris dans l’intervention de Paul Bron lors du Conseil municipal du 23 Février 2015.