Esplanade : suppression de la ZAC et modification du PLU

Intervention de Paul Bron au conseil municipal du 30 Juin 2014

 


Nous sommes au cœur des problématiques de la ville pour tous

Esplanade : suppression de la ZAC et modification du PLU

Mon intervention portera sur les 2 délibérations, la N°2 sur la suppression de la ZAC de l’esplanade mais aussi sur la N° 3 car cette délibération vise, à la faveur d’une modification du PLU, à revenir non seulement sur la ZAC Esplanade mais aussi sur les ZAC Presqu’ile et Flaubert. Ces 2 délibérations reposent la question du développement urbain de Grenoble, la question de la densité urbaine, de la politique de logement et principalement du logement social, de la mixité sociale et de la transition énergétique.

Grenoble reste et restera une ville dense, elle y est contrainte par son environnement géographique.

A Grenoble, plus que dans d’autres villes nous sommes contraints de reconstruire la ville sur la ville, pour libérer de l’espace au sol et éviter l’étalement urbain. Mais cela n’est pas une valeur en soi, négative ou positive. La densité ne se mesure pas seulement à un nombre de logements à l’hectare mais à un certain respect de la qualité de vie en ville.

Nous connaissons tous les conséquences négatives de l’étalement urbain: pollution exacerbée par la nécessité des déplacements, multiplication des équipements publics, repli sur la sphère privée, atteinte à la mixité sociale.

L’ancienne majorité a toujours choisi de mettre en avant l’objectif d’une ville économe, mixte et verte, bref une ville pour tous que nous aimons.

Pour mon mouvement GO citoyenneté 3 critères restent essentiels :
– 1. La densité doit s’évaluer à l’échelle d’un territoire qui dépasse le seul cadre de la ville centre. C’est au niveau de la communauté urbaine et même de la région grenobloise que doit être repensé le développement urbain. J’espère que la consultation que vous allez mettre en place en tiendra compte.
– 2. La densité urbaine ne se mesure pas à la hauteur des immeubles, mais plutôt à des formes urbaines qui ménagent des respirations respectueuses des identités des quartiers et des habitants : vues dégagées, présence du soleil, harmonie des matériaux, fonctionnalité des transports en commun, des espaces de rencontres et de proximité pour les habitants en favorisant la qualité des lieux intergénérationnels.
– 3. Enfin la densité doit être un argument pour des logements moins chers, tout en mélangeant les catégories sociales.

Pour respecter tout cela, si vous voulez aussi préserver les territoires agricoles de l’agglomération, il faut bien avoir une politique dynamique de développement urbain, construire des immeubles et des équipements publics… le foncier est rare et cher, c’est au niveau d’une superficie grande comme une ZAC que la ville peux recomposer un quartier et mixer les types de logement et de populations. Les ZAC sont donc un maillon essentiel de la politique municipale du logement.
Pour cela il est indispensable que la puissance publique engage des projets de ZAC et ne laisse pas toute l’initiative aux promoteurs privés. Je crois que vous êtes sensible, comme nous, à cette dimension

Concernant l’Esplanade, tout le monde s’accorde sur la nécessité de rénover l’entrée nord est de Grenoble et de l’agglomération : la requalification du quartier, la transformation de l’autoroute, la rénovation du bâti dégradé, le renforcement de la protection du patrimoine historique..

Ce projet avait déjà fait l’objet d’une large concertation et il a beaucoup évolué en 4 ans. Il a été aussi contesté par un collectif d’habitant jusqu’à aboutir à une pétition provoquant un nouveau débat en conseil municipal, conformément à l’article 14 de la charte de la démocratie locale, qui, il faut le reconnaitre a fonctionné et joué son rôle d’interpellation.

Plusieurs ajustements avaient alors été actés : la construction de 1000 logements au lieu des 1300 annoncés, l’abandon de la construction d’un immeuble de grande hauteur, le recul des façades et l’abaissement de certains immeubles, le renforcement de la végétalisation des espaces publics et privatifs.
L’insertion des équipements publics a été confortée : école, centre de loisirs, crèche, terrain de sport multi activités.
La question de l’emplacement de la foire a fait l’objet de crispations. Elle aurait certainement du être posé en préalable au projet car il est vrai que cet événement festif doit être porté au niveau de l’agglomération et non seulement de la ville centre. Nous connaissons tous la réticence des maires des communes proches pour accueillir la foire des rameaux sur leur territoire.

Cependant le projet de réaménagement de l’esplanade n’était pas entièrement finalisé. Il aurait pu être revu en tenant compte des réserves exprimées. Vous choisissez délibérément de supprimer le projet de ZAC.

Sa suppression signifie certainement l’abandon du projet de parc de 6 hectares et la mise en valeur des berges de l’Isère, le maintien d’une autoroute urbaine jusqu’à la porte de France, et la préservation d’un grand parking sur la grande esplanade, au centre de l’agglomération, avec toutes les nuisances que cela entraine.

Cela m’amène à vous poser plusieurs questions :

– Quelle est votre position par rapport à l’évolution de la population de Grenoble ? Quelle est pour vous la bonne mesure ?
Nous pensons qu’une ville doit pouvoir développer sa population tout en restant à taille humaine pour rester dynamique et attractive. La question est donc bien de tenir l’équilibre entre la nécessité de garder une qualité de vie tout en accueillant des familles avec enfants toujours en baisse à Grenoble , loger les 48 % de personnes isolées, accueillir ceux qui quittent leur villa dans le péri urbain pour vieillir en ville, et surtout faciliter l’accès de tous les types de ménages de toutes les catégories sociales et particulièrement les jeunes, en créant une offre accessible en locatif et en accession qui manque cruellement à Grenoble et dans l’agglomération.
Entre 2006 et 2011, on a constaté sur Grenoble une faible hausse de la population : + 0.2% (+1300 habitants), rythme beaucoup plus lent que les progressions départementales, régionales ou nationales, et ce malgré une production importante de logements. Par contre d’une part plusieurs milliers d’habitants de Grenoble et de l’agglo par an choisissent d’habiter parfois très loin de l’agglo pour des raisons liées au coût exorbitant du logement à Grenoble, et d’autre part, la demande de logement social est toujours forte, pour Grenoble 8 000 demandeurs et 13 000 dans la Métro.

– Vous avez annoncé qu’à l’Esplanade comme sur les autres ZAC, vous viserez 4O % de logements sociaux et non 30 % : comment le ferez-vous? A Grenoble, nous avons construit pendant le mandat précédent un peu moins de 1000 logements par an. Si vous voulez respecter la loi Duflot et arriver à 25% de logements sociaux à l’horizon 2025, il faudra construire en moyenne 700 logements par an, dont la moitié en logements sociaux.
Sur l’esplanade par exemple 40 % de 900 logements construits dans le projet annulé cela ferait 360 logements sociaux. Et si c’est 4O % du secteur de l’Esplanade en intégrant l’existant, où seront ils créent, sur quels espaces ?

– L’objectif de 4O % de logements sociaux dans les ZAC ne correspond- il pas à la disparition de l’objectif de produire 10 % d’accession sociale pour les couches moyennes ?. Que signifie la mixité sociale à laquelle il est fait référence dans ce texte puisqu’il n’est question que de logements sociaux sans autre précision.

– Quant aux emplacements réservés qui sont ici proposés, je suppose qu’il s’agit d’ouvrir la possibilité pour favoriser la mutation de l’habitat l’existant. L’ancienne adjointe au logement avait déjà préconisé cela pour tous les secteurs de la ville dans la prochaine révision du PLU, l’idée est intéressante, sauf que sur l’Esplanade je ne vois pas bien quel est le sens à court terme.

– Que va devenir la commande passée à l’architecte en chef, Christian de Portzamparc, nous n’avons aucune information sur ce point ?

– Comme pour les autres ZAC dont la Presqu’ile et Flaubert cette modification concerne aussi les hauteurs ne pouvant plus dépasser 33m, soit environ 10 étages. Cette modification concerne-t-elle aussi la ZAC Presqu’ile dont la commercialisation d’immeubles de + de 33 m va commencer pour ce qui est de l’accès à la propriété ? D’autres immeubles sont concernés et les permis ont été délivrés. La modification s’applique-t-elle à ce qui a déjà fait l’objet de délivrance de permis de construire ? Affecte-t–elle également la ZAC Flaubert qui prévoyait 30 % de logements sociaux, 10 % d’accession sociale ?

En un mot, nous sommes au cœur des problématiques de la ville pour tous.
Plusieurs hypothèses sont possibles, elles sont complexes et parfois contradictoires. Il eût été bien de prendre le temps de travailler ces questions et de les co construire aussi, au sein de la Métro, sachant que c’est à cette échelle qu’il faut désormais penser les questions de l’habitat. La réflexion était déjà lancée à la Metro sur l’habitat existant et sa réhabilitation thermique, sur sa contribution au logement social, avec des OPAH, la campagne mur-mur, les actions de renouvellement urbain, et les dispositifs comme loca ++ …

Nous vous alertons sur le risque qu’à terme, cette absence de débat d’agglomération entraine des décisions qui se feront aux dépends des familles les plus démunies, accroissent les problèmes des jeunes ménages et entrainent des migrations urbaines anti écologiques. Enfin un rétrécissement des ZAC favorisera inévitablement les spéculations foncières et immobilières.
Nous regrettons que ces 2 délibérations tranchent sur des questions importantes concernant l’avenir du développement urbain de notre ville et de son agglomération, sans qu’ait pu être mené un vrai débat général concernant la révision du PLU, en lien avec les habitants, au sein de la municipalité.

Paul Bron pour le groupe  » Rassemblement de gauche et de progrès »