Grenoble, conseil municipal : nous ne sommes pas tous égaux face au confinement

Premier Conseil Municipal à Grenoble en vidéo conférence, pendant le confinement le 20 Avril 2020

3 délibérations ont été présentées dont une principale : le plan d’action locale lié à l’urgence sanitaire.

Chacun des 7 groupes politiques de la ville était appelé à intervenir 3 fois 5mn : une réaction générale en introduction, un commentaire sur les propositions de la majorité et un dernière intervention de conclusion notamment sur les réponses apportées.

Ci dessous le lien pour suivre le conseil en vidéo :

https://www.grenoble.fr/1759-conseil-municipal-du-20-avril-2020.htm

Pour notre groupe politique « Grenoble Gauche Solidarité », Sarah Boukaala, est intervenue en premier, puis Patrice Voir et enfin Paul Bron.

Voici l’intervention de Paul Bron, au titre de GO Citoyenneté

 

« Bien sur je m’associe pleinement au remerciements en direction du personnel de santé ainsi que vers tous ceux qui travaillent actuellement dans l’ombre, parfois au risque de leur santé et qu’il faudra bientôt reconnaitre . Merci de même aux services de la ville qui assure la continuité du service public dont nous mesurons toute la pertinence.

Je voudrais souligner au milieu de cette crise sanitaire une remarque positive. Pour la 1ere fois collectivement nous avons choisi de prioriser la protection de la santé des personnes avant les préoccupations économiques. Je formule le vœu que nous puissions garder ce cap, celui du prendre soin des personnes et de nos biens communs.

Bien évidemment nous voterons ce plan d’actions qui a déjà discuté en amont avec les groupes politiques.

Cela dit, logement minuscule, budget serré, absence de matériel informatique… Pour beaucoup d’habitants le confinement est un enfermement mais pour certains c’est aussi un calvaire.

Pour ma part  je voudrais tout d’abord insister sur certains points d’alertes, sur des situations très critiques, qui reprennent pour partie des questions posées par les élus lors de ce CM et des réponses que vous avez fournies.  Puis ensuite évoquer la sortie du confinement.

Je m’en tiendrai aux situations particulières qui font que nous ne sommes pas tous égaux face au confinement, situation qui n’est pas propre à Grenoble bien sur, ni de la Métropole, mais situations qui exacerbent et augmentent les inégalités sociales et scolaires.

Nous ne sommes pas tous égaux face au confinement selon les quartiers ou l’on habite. La situation est très alarmante dans les quartiers populaires qui cumulent la plupart des difficultés. Nous n’en avons pas parlé ce soir en terme territorial du moins. Beaucoup d’habitants nous ont renvoyé que leur quartier était à bout de souffle. Il y a d’ailleurs eu des violences cette nuit dans certains quartiers de France et cela risque de s’amplifier. Prenons bien la mesure de ce cloisonnement

Ma question,  Les quartiers en politique de la ville disposent ils d’un accompagnement spécifique ? y a-t-il des mesures spécifiquement localisées.

Et malgré tout, à la Villeneuve comme dans d’autres quartiers, une solidarité inédite se met en place à l’initiative des associations voir de simples habitants.

Nous ne sommes pas tous égaux face au confinement dans les logements que l’on habite. La question des loyers a été posée.  Elle relaie la demande de plusieurs associations pour demander un moratoire des loyers en faveur des foyers en difficultés pendant le confinement.

Vous avez apporté Mme Tavel des éléments de réponse de démarches engagées au niveau national : augmenter le fonds de solidarité logement, demander un moratoire sur les contentieux et les expulsions, faciliter les reports de loyers et vous avez raison il faut mobiliser le parc privé. Cependant il se trouve que les 3 présidents et présidente des bailleurs Actis, Grenoble Habitat ainsi que l’EPFL sont présents dans ce conseil. Pouvons nous prendre des initiatives locales sur ce sujet ?

Je voudrais mettre l’accent sur plusieurs catégories de populations oubliés et souvent invisibles qui méritent pourtant aussi toute notre attention. Je pense aux migrants en hébergement temporaire, aux mineurs étrangers non accompagnés, aux personnes qui vivent dans la rue et une pensée spécifique pour les travailleurs étrangers qui vivent en foyer, ceux que l’on appelle les chibanis, parmi lesquels, comme pour les autres,  les facteurs de décès s’accumulent : vulnérabilité, promiscuité, maladies chroniques, renonciation aux soins. Face à cela la réponse des bailleurs et des pouvoirs publics est très lacunaire.

Nous ne sommes pas égaux face au confinement en matière d’éducation. Je pointe là certains des effets néfastes de la continuité pédagogique, c’est le nom que l’on donne en parlant de l’école à la maison pendant cette période.

La continuité pédagogique à l’heure du confinement n’est pas la même pour tous les enfants notamment en primaire et au collège : Et cela malgré la bonne volonté des parents et la réelle implication des enseignants : parents qui travaillent à distance et guère disponibles, familles qui ne maîtrisent pas le français, devoirs reçus sur téléphone, manque d’ordinateur, manque d’intérêt ou de curiosité de certains enfants, peu de stimulation collective et de sollicitations..

Et la situation est encore bien pire pour les enfants logés dans les centres d’hébergement.

Le ministre de l’Education Nationale a annoncé que 5 à 6% des élèves sortaient des radars. On peut supposer que c’est bien plus. Mais en partant de ces chiffres cela concerne au moins 400 000 enfants en France et prés de 1000 enfants à Grenoble.

Il y aura besoin d’une attention très particulière de la ville, aux côtés de l’EN pour rattraper le retard, par exemple par des séances d’accompagnement scolaire gratuites dans le cadre du péri scolaire. Nous en reparlerons je l’espère lors du prochain CM le 18 Mai.

Pour certaines familles, le repas pris à la cantine constituait l’unique repas complet et équilibré de la journée.  Je propose que pour les familles qui ont un QF bas et qui payaient autour de 1€ le repas, la cuisine centrale fournisse ces repas dans chacune des écoles et qu’un membre de la famille vienne le chercher  en respectant les consignes de sécurité nécessaires? Il ne me semble pas que la réponse faite par l’élue ait bien pris en compte cette demande

Dans un autre ordre d’idée, je voudrais vous demander si vous avez eu des contacts avec les villes jumelées avec Grenoble et principalement celles des pays les plus démunis, je pense a Ouagadougou au Burkina Fasso entre autres. Disposez-vous d’informations particulières sur la situation sanitaire et la ville de Grenoble a-t-elle prévu d’organiser une aide spécifique ?

Enfin pour finir, Monsieur le Maire, l’après confinement doit commencer des maintenant Il nous faut mettre a profit les semaines qui viennent pour prendre du recul et imaginer les alternatives radicales, possibles et souhaitables pour éviter un retour massif à une croissance aveugle. Comptez vous prendre des initiatives ouvertes et locales à ce sujet ?

Vous avez-vous-même anticiper la sortie du confinement dans la presse, en soulignant que la crise bousculait le discours de la gauche traditionnelle autour de la redistribution des richesses mais aussi des écologistes de l’urgence, et vous avez plaidez pour qu’on ne refasse plus comme avant, ce que je partage. Vous avez interpellé  le Président Macron pour qu’il organise un référendum sur les nouvelles orientations nécessaires.

Je vous  soumets une question, qui pourra être rediscutée plus tard. Pensez vous utile qu’un référendum municipal puisse aussi être envisagé au 2eme semestre pour repenser autrement l’action publique municipale et la solidarité de proximité.

Bien sur notre situation politique reste bien particulière puisque nous sommes toujours dans l’entre 2 tour et je suppose que les programmes de tous les candidats vont devoir être réajustés à l’aune de cette crise.

Mais nous avons voté un budget prévisionnel et des orientations au mois de  novembre 2019 qui ont été bousculés par la situation d’urgence sanitaire et qui nécessiteront d’être repensés. »