Grenoble, le plan de dé-confinement en débat

Lors du conseil municipal de Grenoble en vidéo conférence, le 18 Mai 2020, la ville a présenté son plan de dé-confinement.

Vous le trouverez en fin d’article et vous pouvez revoir les débats sur la video du CM, sur le site de la ville.

Voici l’intervention de Paul Bron au titre de GO Citoyenneté.

« Bonjour à toutes et tous

Je souhaite tout d’abord  faire remarquer à ce conseil que nous ne disposons à ce jour d’aucune  perspectives financières sur la situation récente liée au confinement et des coûts qu’ils ont engendrés pour la ville. De même le chiffrage des engagements de ce plan de dé-confinement doit être porté à notre connaissance. Je formule la demande donc que ce montage financier puisse nous être présenté lors du prochain Conseil.

D’une façon générale, ce plan de dé-confinement et d’adaptation que vous nous proposez,  aborde il faut le dire toutes les questions essentielles et je vous en remercie. Par contre il reste peu engagé et timide sur certaines questions où vous auriez pu aller plus loin : je pense à la suspension des loyers pour les ménages les plus en difficultés, à la restauration scolaire pour certains enfants qui n’ont pas repris l’école ( voir notre amendement), à la mise à l’abri sanitaire des personnes n’ayant pas de logements..

  1. La pandémie du « Covid-19 » et ses conséquences sur la vie sociale, économique et culturelle affectent gravement la vie associative.

A Grenoble comme dans toute la France, des milliers d’association ont dû arrêter leurs activités durant la période de confinement. ..Arrêt des rencontres sportives, des activités de loisirs organisées par les associations locales,  séjours de vacances de printemps annulés, les actions de formations reportées, les ateliers socio-linguistiques pour les migrants suspendus…

La reprise sera progressive et faite de nombreuses incertitudes : les colonies de vacances vont-elles pouvoir ouvrir cet été ? Elles sont pourtant une réponse adaptée qu’il faut encourager d’autant que de très nombreux enfants vivant dans les quartiers de la politique de la ville verront leurs vacances  profondément modifiées. Mais avec quelles aides pour les familles populaires ? Avec quels moyens pour les organisateurs, pour prendre en charge les surcoûts sanitaires ?

Avec les fédérations d’éducation populaire, je souhaite alerter la ville et les pouvoirs publics sur cette situation qui pourrait devenir catastrophique si la vie associative ne fait pas l’objet d’un soutien particulier, urgent et massif.

  1. En ce qui concerne la rentrée scolaire, beaucoup d’avis contradictoires se sont exprimés en France et dans cette assemblée quant à l’opportunité d’un report ou non au mois de septembre.

Pour ma part, malgré les règles très contraignantes imposées et nécessaires je pense que l’école doit reprendre, non seulement pour relancer l’activité économique du pays en libérant les parents de la garde de leurs enfants mais aussi parce que l’école à la maison amplifie les inégalités scolaires. Vous avez donc pris des mesures, en accord avec l’EN,  pour que l’école reprennent progressivement à partir du 14 Mai et je les partage.

De même le choix de ne pas commencer par les enfants les plus jeunes, ceux de la maternelle qui ne reprendront que le 25 Mai, parce qu’on sait que c’est là que les gestes barrières sont les plus difficiles à appliquer

La plupart des communes iséroises ont d’ailleurs  annoncé une reprise la semaine dernière, progressivement, afin de respecter au mieux l’exigeant protocole sanitaire dicté par le ministère. Ce protocole national est d’essence technocratique et assurantielle pour le ministère qui se couvre et se défausse. Il n’est pas applicable partout et intégralement et pas souhaitable sur le plan éducatif.

Au sujet de ce protocole d’ailleurs, les associations d’élus ont regretté de ne pas avoir été associées par le gouvernement.

Mais d’une certaine manière n’agissez vous pas de même, quant on constate que les groupes de l’opposition municipale déclare ne pas avoir été consultés quant à la co construction du plan de déconfinement et de la reprise des écoles. J’ai une autre interrogation : pourquoi n’avez pas mobilisé le comité de pilotage du PEDT ( Projet Educatif de Territoire) ?. Cet organe mis en place en 2013, animé par la mairie, regroupe l’ensemble des acteurs intervenants dans le domaine de l’éducation : l’inspection académique, CAF, enseignants, parents d’élèves, associations éducatives.. C’est un outil de coordination locale. On aurait pu penser que pendant cette crise sanitaire et malgré l’urgence, l’occasion était évidente de le consulter, de le concerner, de le prendre en considération en quelque sorte. Mais non. Il reste encore un mois malgré tout pour le faire.

Reprise de l’école donc progressive et basée sur le volontariat des parents. A ce sujet la FCPE demande qu’une prise en charge financière, sans aucune perte de salaire soit rétablie pour tous les parents qui souhaiteront ou devront s’occuper de leurs enfants jusqu’à ce que la situation sanitaire de notre pays permette un retour à l’école serein, humain et sécurisant.

Sur cette question, je souhaiterai connaitre quel est le pourcentage des enfants qui ont repris l’école et si possible leur répartition en fonction des quartiers de la ville. En effet si cette reprise de l’école devait être profitable aux enfants les plus en difficulté, il ne semble pas que ce soit le cas dans la réalité. On constate que le choix de renvoyer les enfants à l’école ou pas, est fortement corrélé avec l’origine sociale des familles C’est paradoxalement dans les quartiers populaires que les parents sont plus réticents.  Que constatez-vous à Grenoble ?

Avez vous engagé, avec les directeurs, avec l’EN, une sensibilisation particulière en direction des parents de ces enfants ? Et comment abordez vous cette priorité dans le cadre des temps gérés par la ville, périscolaire et extra scolaires, avec queles éducateurs et avec quels moyens nouveaux ?

Avec le mouvement citoyen que je représente, GO Citoyenneté, nous avons envoyé un questionnaire auprès des enseignants grenoblois pour recueillir leur vécu. Globalement le niveau de satisfaction des enseignant.es est bas (le travail est nouveau, il y a peu d’interactions, ils doutent sur l’efficacité des apprentissages, et signalent un manque de moyens …) mais les retours des parents sont globalement positifs. Il est intéressant de noter les diversités et la richesse des méthodes mises en place par les enseignants durant cette période. Pour la période post confinement les enseignant.es et les parents attendent clairement de l‘aide de la part de l‘EN mais aussi fortement de la ville : un besoin d’augmentation de l‘encadrement des enfants dans la classe mais aussi un accompagnement lors du périscolaire renforcé et gratuit des enfants.

Nous savons que nous ne sommes pas égaux face au confinement en matière d’éducation et pendant cette enquête, nous avons mesuré une tendance concernant l’implication des élèves des collèges à la maison dans les quartiers populaires. Une tendance aux 3 tiers : 30% des enfants suivent les consignes des profs, le 2eme tiers est moins régulier et assez dispersé, le 3eme est resté absent des radars et n’a plus de contacts avec l’établissement scolaire. Il ne s’agit plus des 7% décrocheurs comme le signale le ministre… mais de 4 fois plus.

Justement concernant les quartiers populaires, la convention avec l’État à propos de la « cité éducative » (cette convention fait d’ailleurs l’objet d’une délibération dans ce conseil) va apporter des ressources financières spécifiques pour l’éducation dans les quartiers Villeneuve et Village Olympique à Grenoble pour accompagner les parcours éducatifs des enfants et des jeunes de 0 à 25 ans. Elle ambitionne,  je cite, «  le développement d’un territoire de haute qualité éducative ». le 2eme objectif porte même d’ailleurs explicitement sur la continuité éducative.

Je sais que cette convention est récente, mais avez-vous déjà des perspectives spécifiques d’investissements, concernant certaines des difficultés soulevées par le confinement : manque de matériel informatique, soutien scolaire des enfants, accompagnement des familles, amélioration de la qualité des temps périscolaires..

Pour conclure notre ville doit tirer des enseignements de l’expérience de cette réouverture des écoles car il n’y a pas de précédent à cette échelle.

  • – Tirer des leçons dans la conception des locaux scolaires /
  • – Prendre en considération l’aspect éducatif des temps périscolaires et le fait qu’il faut les sécuriser comme les temps scolaires./
  • – Saisir l’occasion d’identifier les enfants et les jeunes qui ne disposent pas de matériel informatique ou d’accès à internet chez eux et préparer pour la rentrée prochaine un plan extraordinaire d’équipements /
  • – Les expériences sur le décrochage issues des programmes de réussite éducative pourraient aussi être mobilisées
  • – Solliciter et organiser le soutien des associations issues de l’éducation populaire pendant les vacances scolaires /
  • – La période de crise a aussi montré l’importance sociale, éducative et même économique de la petite enfance. Tous les établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE) devraient relever d’un service public de la petite enfance accessible à tous, et de missions de service public ce qui n’est pas le cas. »

 

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