Si tous les étages des pouvoirs publics se désengagent des politiques sociales, ce sont les plus fragiles qui seront touché.e.s

Point de vue.

 « Si tous les étages des pouvoirs publics se désengagent des politiques sociales, ce sont les plus fragiles qui seront touché.e.s

Les discours et les actes sont parfois, souvent, en contradiction ! Il faut une nouvelle fois le constater dans le champ du social…

Cela fait maintenant plus de 6 mois que le Président Macron est au pouvoir et nous pouvons constater que ses orientations, au-delà des mots et des effets de communication, sont assez claires quant à la « philosophie » qui les soutienne. Il apparaît que la volonté politique portée par l’exécutif et validée par le pouvoir législatif est bien de miser sur la réussite individuelle. Ce n’est que seul.e que l’on peut s’en sortir. Le collectif porteur et émancipateur n’est pas ce qui permet de « grandir ». Il faut se débrouiller par soi-même ! Il faut soutenir l’initiative individuelle, encourager l’auto-entreprenariat, encourager « les 1èr.e.s de cordée », miser sur l’accompagnement individuel, pour permettre que les personnes s’en sortent vite et accèdent à l’emploi durable avant tout ! Nous sommes bel et bien dans une logique « néo-libérale » me semble-t-il ! La référence, c’est la réussite économique, c’est la capacité à devenir quelqu’un qui compte… Mais qui compte pourquoi ? Pour qui ?

Ainsi, pas à pas, jour après jour, les décisions visent à soutenir l’économie et les entrepreneur.euse.s, pour que la France rayonne, redevienne une nation qui compte et qui soit attractive… Et les personnes les plus fragiles dans tout cela ? Eh bien, il faut agir pour qu’elles « se bougent », qu’elles produisent, il faut qu’elles retrouvent un emploi. Certes, l’objectif de pouvoir vivre est louable, mais dans cette volonté de réussite socio-économique, on oublie que les plus fragiles ont besoin d’être soutenues plus globalement du côté de la santé, de l’accès à la culture, au logement, etc. C’est bien une prise en compte et un accompagnement global qui permet de se redresser, de prendre place et de vivre dignement. Mais c’est aussi en n’oubliant pas que les personnes les plus fragiles ne sont pas « que des problèmes ». Elles ont des compétences, des qualités, des envies, du désir et donc elles apportent des choses à la société, au-delà d’être seulement productives au sens économique.

Les plus fragiles ne sont pas que des personnes à surveiller parce qu’elles seraient suspectes de frauder, d’être délinquantes, ou des « parasites ».

Ainsi, au niveau national, les politiques sociales sont impactées (politique répressive à l’égard des migrant.e.s, évolution inquiétante de la psychiatrie et de la santé mentale, baisse des aides au logement, baisse des emplois aidés, aides fiscales aux plus aisé.e.s, etc.). Mais au niveau local, là aussi les élu.e.s mettent en œuvre des politiques qui réduisent la possibilité de (re)prendre une place, d’être acteur.rice de la société. Le Conseil Départemental de l’Isère renforce sa volonté de contrôle des allocataires du RSA, oubliant que par ailleurs de nombreuses personnes ne font pas valoir leurs droits ! La Région réduit ou supprime ses subventions aux associations agissant dans le champ du social et de l’éducation et la ville de Grenoble ne montre pas non plus une grande appétence aux questions sociales, là encore au-delà des discours et de la communication (fermeture des bibliothèques, choix budgétaires, implication dans la politique de la ville, Budget du CCAS, etc.).

Ainsi, à tous les échelons politiques, les politiques sociales sont attaquées et les plus modestes sont les premières victimes. Les acteur.rice.s engagé.e.s sur le terrain s’interrogent sur leur action et la possibilité de poursuivre leur travail (associations d’éducation, plannings familiaux, ateliers et chantiers d’insertion, aide aux migrant.e.s, etc.).

Il serait pourtant souhaitable que toutes les collectivités ne baissent pas les bras et décident tour à tour de se retirer, parce que la collectivité voisine baisse ses aides, ou modifie ses orientations politiques. Il est nécessaire qu’elles ne renoncent pas à porter un projet politique humaniste et permettant à chacun.e.s de vivre dignement et de s’épanouir, ce qui est différent de survivre !!

Des citoyen.ne.s se lèvent tous les jours pour montrer que les valeurs humanistes de la France ne se conjuguent pas au passé. Les élu.e.s doivent aujourd’hui faire un vrai choix : accompagner les choix néo-libéraux prônés actuellement, ou proposer des alternatives renforçant l’implication citoyenne, réfléchissant à la question de l’utilité sociale (à ce titre, je tire un coup de chapeau peut être donné aux Départements qui vont expérimenter le revenu universel) et permettant à chacun.e de prendre une place qu’il.elle soit né.e en France ou ailleurs. »

David Ryboloviecz

Président de Go

1cf. http://www.cemea.asso.fr/spip.php?article9993