Subventions aux associations : des critères encore opaques, à l’aune du pragmatisme

Intervention de Paul Bron lors du Conseil Municipal du 27 Avril 2015.

La question de critères concernant les arbitrages des subventions aux associations est un peu une arlésienne.
Que ces critères concernent le sport, le socio culturel, le social, l’éducation ou la culture, il est encore très difficile, 13 mois après votre élection, de comprendre vos choix. Lorsqu’on vous interroge en commission municipale, vous répondez inlassablement que cela relève de la co-construction, comme pour clore la discussion. Mais si nous voulons comprendre votre logique, il nous faut insister, être persévérant pour en savoir un peu plus.
On apprend alors que des groupes se réunissent sur la question du sport et que les critères seront dévoilés …début 2016. Des critères 2015 sont présentés aux associations socio culturelles sans que les élus de l’opposition ne soient mis au courant, mais une présentation nous sera faite au mois de Mai….

Franchement si vous voulez respecter l’opposition, il est simple, soit de nous inviter à ces rencontres, soit de nous informer régulièrement de leur évolution.

Avec un peu de bon sens, on sait bien que le budget 2015 est voté, que vous avez prévu une baisse entre 4 et 8% des subventions aux associations et que vous l’appliquez actuellement. Mais cela reste assez opaque, très dépendant d’ailleurs du secteur concerné :
– Entretiens directement avec le bureau de chacune des associations. socio culturelles. Pas de co-construction collective, pas d’ouverture plus large aux fédérations de l’éducation populaire.
– Aucune démarche collective autour des associations du social et de la solidarité. Nous avons appris que le critère principal était de ne pas mettre en péril les emplois de l’association.
– Seuls les arbitrages dans le domaine de la culture sont discutés avec un comité d’avis qui planche sur la question et en présence d’élus de l’opposition. Même si certaines décisions sont contestables, cela a le mérite d’être un peu plus clair.

Alors de 2 choses l’une :

– soit vous ne connaissez pas vraiment les critères que vous appliquerez après vos démarches de co construction, disons en 2016, et vous menez une concertation sincère avec les acteurs concernés. Mais dans ce cas, comprenez leur embarras. Vous demandez aux associations de vous aider à décider qui sera sacrifié à l’autel de l’austérité. C’est inquiétant, car cela voudrait dire que vous n’avez pas d’orientation politique claire et confirmerait ce que dit souvent Jérôme Safar, que vous manquez d’une charpente, d’une colonne vertébrale.
– Soit vous connaissez déjà l’essentiel de vos critères, mais vous ne les annoncez pas, sous prétexte de respecter et de ne pas fausser la co-construction et la, c’est plus grave, car il s’agirait d’une tromperie des citoyens. Je ne vous prête pas ces intentions.
– Soit alors, peut être, vous inventez des chemins de traverse, que vous seuls pouvez comprendre.

C’est ce que laisse à penser cette réaction du Maire Eric Piolle, extraite du récent interview pour Libération : ( je le cite) « Ces réactions sont celles d’un système projeté hors de son monde connu. Vous ne comprenez pas la logique de cohérence qui guide notre action».
C’est vrai Monsieur le Maire, je ne comprends pas toujours votre logique et pourtant je ne crois pas être issu particulièrement d’un système quelconque et certainement pas un professionnel de la politique.

Votre logique si j’ai bien compris, du moins celle très récemment promu par vos communicants et que vous reprenez souvent en ce moment : c’est celle du pragmatisme.
D’après votre marraine politique nationale, vous passez de « l’idéalisme romantique à la radicalité pragmatique ». Attention à ne pas faire un trop grand écart.

Selon le dictionnaire, le pragmatisme est une « attitude qui privilégie l’observation des faits, par rapport à la théorie. » Très bien, fini le dogmatisme, les envolées révolutionnaires de certains et de certaines, passage à la réalité. Du pragmatisme, il en faut bien sur, mais cela ne correspond absolument pas à une orientation politique précise.

Le pragmatisme est une philosophie de l’action, qui se résume à rechercher “ce qui marche” et privilégie le réalisme à l’éthique ou à la morale.. La logique est dans le résultat à tout prix, dans le court terme. C’est par certains aspects, très proche du capitalisme américain. Mais c’est contraire à toute ambition, à toute innovation, à toute utopie. En ce sens, cela peut être, une source de perversion de la politique. Certains disent même que le “pragmatisme en politique est devenu l’autre nom de l’opportunisme ». Est-ce que cela veut dire que tenant compte de ce fameux pragmatisme Mr le Maire, vous allez revenir sur vos ambitions ?

Est-ce que, par exemple, le pragmatisme, c’est répondre aux habitants et aux groupes qui crient le plus fort. Est-ce que le pragmatisme c’est privilégier et conforter son propre électorat. Est-ce que le pragmatisme, serait de prendre en compte,  à sa juste mesure, les véritables besoins des associations des quartiers populaires et notamment de la Villeneuve et du Village olympique, après les incendies de l’Ajav et du théâtre Prémol.
Le pragmatisme n’a pas de fondement politique. Il a besoin d’une orientation politique claire.

Bref, qu’est ce que le pragmatisme en matière d’attribution des subventions aux associations ? J’attends que vous nous expliquiez Mr le Maire « la logique de cohérence qui guide votre action ». Vous vouliez combattre la prétendue opacité des choix précédents… mais je fais le constat aujourd’hui que, tant au niveau de la démarche de concertation avec les associations, que des critères et décisions d’affectations des subventions pris cette année, vos choix sont encore peu cohérents, et en tout cas, absolument pas transparents.

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