Un nouveau regard sur le développement humain et le bien-être social

Retour sur les indicateurs de bien être, à partir des acteurs de l’agglomération grenobloise

Qu’est-ce que la richesse ? Les indicateurs économiques – le célèbre PIB et les indicateurs comptables – apportent une réponse chiffrée : n’est richesse que ce qui a « valeur monétaire ».

Mais cette approche peut rentrer en contradiction avec ce que disent les citoyens quand on leur pose la question :
« Qu’est ce qui compte ? Qu’est ce qui a de la valeur pour vous ? »
Les richesses citées sont souvent non monétaires, non marchandes, de l’ordre de la relation humaine, du lien social, de la qualité de vie et du bien-être…
C’est bien à partir de ce corpus, apporté par de nouvelles recherches qui m’ont conduit, en tant qu’élue à l’Évaluation des Politiques Publiques lors du précédent mandat, avec des partenaires universitaires passionnés (5 labos de recherche de sociologie, économie, urbanisme…) et les chargées de mission de la Métro, à mettre en évidence, sur l’agglomération grenobloise,cette mesure du bien-être qui s’est appuyée sur une triple démarche :
– Les chercheurs qui travaillent sur ces questions à l’université de Grenoble, avec une thésarde dont c’est l’objet de thèse qui se terminera cette année,
– Une démarche participative qui a été déployée à partir de 2013 par la méthode SPIRAL du conseil de l’Europe grâce à des citoyens et techniciens volontaires et formés.
Cette méthode part de questions très ouvertes sur le bien être dans plusieurs groupes.
Nous l’avons testé à GO sur le quartier de la Capuche. La nouvelle municipalité déploie cette méthode sur le quartier Mistral (90 habitants ont déjà participé à cette démarche).
– Un forum hybride qui a permis fin 2013 de croiser les regards des différents acteurs sur ce qui compte et doit être compté, avec des avis citoyens très argumentés.
Ce travail a trouvé un écho très favorable du côté de la région Rhône Alpes et nous avons obtenu un financement dans le cadre du CDDRA (Contrat de Développement Durable Rhône Alpes), avec le fort soutien de Guillaume Lissy, conseiller régional. Le comité de pilotage a réuni les acteurs universitaires et quelques élus métropolitains intéressés (Jean-Philippe Motte, Philippe Loppé, Alain Grasset, Alberte Bonnin-Dessart, Françoise Gerbier) qui ont cru dans la capacité de ce projet à faire émerger une nouvelle donne dans la conduite des politiques publiques.
Car en effet, l’enquête qui a été réalisée en novembre 2012, auprès de 1000 habitants, a été conçue comme une photographie initiale à partir de laquelle des comparaisons dans le temps et dans l’espace pourront avoir lieu… et le travail n’est pas encore terminé !

Récemment, un cycle de table-ronde et conférences et de partage ont été organisés à Grenoble par le CCFD – Terres solidaires.
Les résultats finaux seront présentés à la Région Rhône Alpes d’ici l’été 2015, mais les premiers résultats se résument ainsi par les universitaires :
« Le bien-être n’est pas un « objet » dont pourrait mesurer les contours et le poids. C’est un accord variable entre ce que nous sommes et désirons, à un moment donné, et les possibilités offertes par notre environnement social et naturel, matériel et immatériel. Le bien-être serait, en d’autres termes, une harmonie entre un grand nombre de dimensions : notre cadre de vie, notre travail, notre santé, nos relations avec autrui etc. Il semble qu’une partie du bien-être se joue dans la tension entre rêve et réalité, entre ce à quoi j’aspire et ce que j’ai / ce que je suis… »
Il va de soi que tout ceci concerne à la fois l’être dans sa dimension individuelle mais aussi dans son appartenance et sa vie collective, c’est en cela que ce travail interroge directement les politiques publiques dans leur conduite et dans leur pilotage…

Aline Blanc-Tailleur