– L’offre scolaire est en réalité réduite au collège de secteur … à moins de faire passer des heures en transport à son enfant
– Le critère retenu n’est en rien un gage de qualité d’un établissement. Le vrai critère serait la plus value apportée par l’établissement, c’est à dire l’estimation des progrès des élèves, compte tenu de la composition sociale, du niveau de départ et de la gestion des élèves dans l’établissement.
Le meilleur collège n’est pas celui qui affiche les plus forts taux de réussite. C’est celui où son enfant s’épanouit et progresse. C’est celui où une cohorte d’élèves fait de réels progrès entre la 6ème et la 3ème. C’est aussi celui qui fait murir son enfant et lui transmet des valeurs et un savoir être.
Au final, ce palmarès met uniquement en valeur les établissements privés et les collèges des quartiers favorisés aux dépens des quartiers populaires, y compris ceux qui sont extrêmement méritants.
D’un point de vue politique, ce classement alimente la concurrence entre collèges que Nicolas Sarkozy avait initié en « assouplissant » la carte scolaire. On sait que cet « assouplissement » a accéléré la ségrégation sociale entre collèges. (Voir étude de M Oberti, lien ci-dessous).
Alors que la loi d’orientation s’efforce de promouvoir davantage de mixité sociale dans les établissements, le « palmarès » de France Examens va inciter les parents à fuir leur collège de secteur pour de « meilleurs » établissements.
Non seulement il trompe les parents en publiant ce palmarès, mais il porte un coup funeste à une Education nationale qui n’en a pas besoin.
A Grenoble, pendant le mandat politique précédent, où j’avais reçu du Maire la délégation à l’éducation, j’avais constaté déjà l’extrême difficulté à ajuster l’offre scolaire pour une meilleure répartition des enfants sur le territoire de l’agglomération. Le Recteur précédent, malgré ses aspects fantasques, avait tenté vainement de revoir la carte des lycées sans succès. Il s’était heurté à un front commun des maires, de droite et de gauche, pour défendre leurs acquis. Chacun tentant d’argumenter sa propre préoccupation de mixité sociale sur sa commune.
La réaction des parents d’élèves délégués des écoles, des collèges et des lycées, même de la FCPE parfois, était souvent aussi très ambigüe et il faut le dire, la plupart du temps, sur le même registre.
A Grenoble, la question se pose crument entre les collèges du Nord et ceux du Sud. Où faut il mieux construire un nouveau collège ? Comment bouger la carte scolaire et les offres d’options et de formations pour permettre une meilleure mixité sociale ? La valorisation des lycées Mounier et Argouges est fondamentale.
D’ailleurs il serait logique et sain que la compétence « collège » passe du CG à la nouvelle Métropole.
Seule une volonté politique très forte et guère consensuelle, permettrait d’atténuer la ségrégation scolaire. Guère consensuelle car pourquoi changer de système pour les 80% d’enfants qui réussissent ?.
Pourtant une démocratie ne peut pas se satisfaire de l’échec scolaire de 20% de ses enfants.
Enfin le Ministère de l’Éducation Nationale doit aider puissamment les collèges qui décrochent. La loi d’orientation a trouvé la parade, le décret n° 2014-800 du 15 juillet 2014 donne la possibilité de définir des secteurs de recrutement comprenant plusieurs collèges. Cela donne à l’Académie la capacité de veiller à la mixité sociale entre les collèges puisque l’enfant est orienté sur un secteur et non un établissement..
Paul Bron
http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2014/11/06112014Article635508557389492421.aspx
http://www.sciencespo.fr/osc/sites/sciencespo.fr.osc/files/rapport-cartescolaire_0.pdf
