Monsieur le responsable de la revue  » Rouge et Vert »

Vous avez publié dans votre revue datée de Septembre 2009, N°114, un article relatif au Projet Éducatif Grenoblois. Etant coordonnateur de ce projet au titre de la majorité municipale, je me permets de vous apporter ces éléments de réponses que je vous serais reconnaissant de communiquer à vos lecteurs, dans le souci de contribuer à une meilleure information et de favoriser la confrontation des idées et des projets.

 


Votre article intitulé  » Le projet éducatif grenoblois …englué  » non signé, révèle une vision restrictive et maladroite de l’avenir, et une mauvaise information.

Monsieur le responsable de la revue " Rouge et Vert"

Les villes françaises depuis une vingtaine d’années, se sont investies dans une démarche éducative locale, dépassant le domaine strictement scolaire. Elles sont passées d’une simple mise en œuvre de leurs obligations légales ( construction et entretien des locaux, dotations de fonctionnement) à des interventions innovatrices, voire de véritables projets éducatifs globaux et cohérents. La commune est passée du statut de prestataire de service à celui de partenaire à part entière.
Aux côtés des parents et de l’Education nationale, les villes prennent donc de plus en plus de place dans l’éducation des enfants ( offre péri et extra scolaire, restauration, petite enfance, santé, environnement, prévention du handicap, intervenants sportifs, culturels , associatifs, …). La mise en place d’un projet éducatif local basé sur un partenariat avec tous les acteurs éducatif est maintenant indispensable.

Pourquoi Grenoble arrive-t-elle si tardivement dans cette démarche alors que vous étiez aux affaires le mandat précédent ?

Notre projet éducatif recense certes les actions existantes et met en perspective 19 engagements pour le mandat. Mais contrairement à vos remarques, plusieurs de ces engagements sont nouveaux :
En voici quelques exemples (cf. document PEG) :

– L’apprentissage du langage est l’un des enjeux majeur de l’éducation du jeune enfant, c’est là que se creuse déjà les inégalités éducatives . Le projet : mettre en place une structure passerelle avec l’école maternelle pour les enfants de 2 à 3 ans repérés par les services sociaux comme n’ayant pas eu d’expérience de vie sociale et collective ( expérimentée sur le secteur 6 ) tout en défendant ardemment la nécessité du service public national scolaire à partir de 3 ans.

– Un (très) gros travail reste à faire pendant la cantine à l’école, pour que les enfants profitent de cet espace. Le projet : réorganiser le temps de restauration scolaire autour de référents garants de la continuité éducative entre midi/2 et après l’école, (expérimenté sur le secteur 6), Osez dire à ce sujet que « nous prévoyons d’embaucher 500 animateurs » est insensé alors que ce chiffre recouvre le nombre d’animateurs déployés chaque jour dans les 54 restaurants scolaires de la ville…

– Les métiers de l’animation ne sont pas assez connus et aidés par les jeunes. Le projet : bourses d’aide de la ville au BAFA et forum anim’action

– Les clubs sportifs de quartier sont des associations-relais essentielles pour l’apprentissage des règles de vie collective et citoyenne. Le projet : soutenir la professionnalisation des encadrants de clubs.

– La pratique interculturelle et le contact avec l’artiste et l’œuvre façonnent la personnalité de l’enfant citoyen du monde. Le projet : mettre en place plusieurs parcours d’éducation artistique en partenariat avec des écoles, des équipements culturels et des artistes.

– La ville s’engage explicitement dans son projet, aux côtés des familles étrangères en attente de régularisation, dont les enfants sont scolarisés à Grenoble.
D’autre part la dynamique de réflexion et d’élaboration du projet éducatif a permis de faire aboutir une convention d’objectifs très concrets avec l’Inspection Académique. Elle a de même précisé les orientations et les objectifs de la ville en direction des associations socio culturelles avec lesquelles la ville renouvelle son conventionnement pour 3 ans.
Bref voilà 6 mois que le PEG a été validé par le conseil municipal.et un an et demi que la délégation « éducation » existe.
Merci de nous laisser le temps de l’action avant de porter des jugements aussi péremptoires.

Quant à l’imposition de la semaine de 4 jours par le gouvernement, il est indéniable qu’il s’agit d’une décision unilatérale, prise sans concertation et contraire au respect du rythme de l’enfant.. Un récent rapport des inspecteurs généraux rappelle son opposition aux 4 jours, et toutes les associations d’éducation populaire et fédérations de parents d’élèves au niveau national sont sur le même registre.
Proner la semaine scolaire de 5 jours va à contre courant de l’opinion générale actuelle, nous le savions, mais une cause juste ne vaut-elle pas le temps d’un débat ? Dans la mesure où les conseils d’école pouvaient infléchir la décision, la ville a souhaité se concerter avec les parents et les enseignants. Ils ont décidé d’en rester au statut quo et nous en prenons acte.

Ironie du sort, la ( peut être future) tête de liste régionale d’Europe Ecologie, Philippe Mérieux, est le plus ardent des défenseurs de la semaine de 4,5 jours…. et vous que défendez vous ?

Par contre, comment vous laissez dire qu’il s’agit d’une « impuissance à changer la situation et d’un échec retentissant  » quand on connait la complexité du débat sur les rythmes scolaires et les difficultés d’une confrontation à des intérêts individuels même légitimes. D’ailleurs toutes les grandes villes qui ont engagé ensuite les mêmes démarches que Grenoble ( Lille , Angers, Mulhouse, Brest, Paris..) sont arrivées au même résultat, sauf Toulouse qui a pu bénéficier d’un large soutien de l’inspecteur d’Académie. Une concertation ( et non une consultation) , même si elle n’aboutit pas au résultat que vous souhaitez, n’est pas un échec mais un moyen de sensibilisation, de réflexion collective et de démocratie participative. Elle permet aussi d’engager un dialogue nouveau avec les parents d’élèves considérés comme de réels partenaires.
Cependant effectivement je ne baisse pas les bras, mais il ne s’agit pas du tout de revenir sur cette organisation, mais de réfléchir à la mise en place d’activités d’accompagnement à la scolarité le mercredi matin, pour les enfants qui en ont besoin, afin d’éviter les ruptures d’apprentissage.

Je ne souhaite pas revenir sur le reste de l’article ni sur le ton qui n’aborde que l’aspect superficiel des choses ( la poudre aux yeux, faire des moulinets etc.) et pas le fond, c’est-à-dire l’urgente nécessité de lutter contre les inégalités éducatives ( et les mauvaises réformes de Sarkozy) et de reconsidérer la journée de l’enfant, au regard de ce qu’on appelle la continuité éducative. Il reste beaucoup à faire.
Nous aurions avantage à mobiliser ensemble nos forces et nos idées, pour faire en sorte que l’éducation devienne un vrai projet collectif pour la ville .

Bien cordialement
Paul Bron